Vers le clonage des mammouths?

Les scientifiques ont utilisé des gènes issus d’échantillons de mammouth, conservés par le gel.
Crédits: DrLa mythologie créée par les films Jurassic Park de Steven Spielberg a popularisé l’idée de ressusciter des espèces disparues à partir de leur ADN conservé dans de l’ambre.
On est encore loin de réussir pareille prouesse génétique. Mais l’équipe du professeur George Church à Harvard vient de faire un pas décisif dans cette direction. Son équipe a utilisé la nouvelle technologie d’édition de gènes CRISPR-Cas9, apparue il y a seulement trois ans. Elle est parvenue à transférer des gènes issus d’échantillons de mammouth, conservés par le gel, dans le génome d’un éléphant d’Asie. Surtout, ces gènes impliqués dans la longueur des poils, la formation de graisse ou de pigments de la peau sont redevenus fonctionnels en laboratoire. Pour la première fois depuis 11 000 ans!
Si cette prouesse a été rendue publique alors qu’elle n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique, elle ne doit pas faire croire que le clonage de mammouth ou d’autres espèces éteintes est à portée de main. George Church souligne la difficulté d’aboutir à des gènes capables de fonctionner en symbiose les uns avec les autres. Mais il affirme aussi son intention d’y parvenir et de transférer ensuite un ADN fonctionnel de mammouth laineux dans un embryon.
Vers la «désextinction»
L’idée n’est pas nouvelle. Elle remonte au début des années 1980 quand le biologiste canadien George Poinar a réussi à isoler les premières cellules intactes d’insectes conservées dans de l’ambre. Ce sont ses travaux qui inspireront à Michael Crichton le scénario de Jurassic Park.
Ils sont poursuivis aujourd’hui par son fils Hendrik, à l’Université McMaster de Toronto. Il a publié en 2006, dans le magazine Science, une reconstruction partielle du génome du mammouth à partir d’échantillons retrouvés en Sibérie. Ce sont ces séquences que l’équipe de George Church est parvenue à transférer et surtout à rallumer dans le cadre de travaux financés par la Fondation Long Now du milliardaire Stewart Brand.
Le recours à la technologie d’édition de gènes CRISPR-Cas9 semble ainsi plus efficace que les technologies de clonage. En 2003, des chercheurs espagnols ont tenté de sauver de la disparition le bouquetin des Pyrénées avec la même technologie que la brebis Dolly. Bien qu’ils aient utilisé des noyaux extraits du dernier bouquetin vivant, leur tentative avait échoué.
Reste que la question de la «désextinction», soulevée par George Poinar en 1982, n’a toujours pas de réponse. Faut-il ressusciter ou sauver des espèces avec ces technologies? Y compris quand c’est l’homme qui les a éliminées?