Une app pour alerter sur les projets immobiliers
L'app pour smartphone pilierpublic.com qui informe propriétaires et professionnels de mises à l'enquête de constructions est désormais opérationnelle sur huit cantons. Son système d'alerte géolocalisée vise une efficience supérieure aux avis officiels des administrations.
Pour illustrer l'idée de son projet, Guilhem Tardy, ingénieur EPFL et fondateur de pilierpublic.com montre des photos prises depuis la propriété de ses parents à Pully, où la vue dégagée d'il y a dix ans sur les montagnes et le lac a laissé la place à un enchevêtrement de constructions. Le site et l'application pilierpublic.com , qui informent sous forme d'alertes des nouveaux projets de constructions, est d'ailleurs gratuite à Pully, une démarche militante assumée par Guilhem Tardy: «Comme précisé sur le site, les communes où tous les municipaux ont des intérêts personnels ou de famille proche dans le domaine de la construction bénéficient de la gratuité du service pour nos usagers privés. En cas de signalement d’autres communes potentiellement éligibles, nous procéderons aux vérifications.»
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La technologie: une app géolocalisée destinée en premier lieu aux propriétaires, qui permet de choisir un rayon autour d'un bien immobilier, dans lequel, pour toute mise à l'enquête, une alerte sera envoyée: «La mise à l'enquête ne dure que 30 jours dans le canton de Vaud, 21 jours ailleurs, c'est très court. Chercher dans la feuille d'avis officielle est fastidieux, on ne connait pas forcément le nom de toutes les rues autour de son logement, pour vérifier rue par rue. Rien que vendredi dernier, 369 avis de mises à l'enquête ont été traités.»
Gérances et entreprises de construction également ciblées
PilierPublic s'appuie sur le cadastre officiel, et a répertorié 935'000 adresses et 1'654'000 parcelles dans les huit cantons désormais couverts, représentant plus de 56% de la population du pays. Lancé en 2016 sur Vaud et Genève, le service s'étend désormais à Neuchâtel, dans le Jura, à Fribourg, Berne, Zurich et Lucerne, tous ajoutés à l'offre entre août et novembre 2017.
Au-delà des propriétaires privés, avocats et gérances sont également utilisateurs du service, afin de tenir informés leurs clients d'éventuels projets immobiliers à proximité des biens gérés. Autre business, la surveillance des mises à l’enquête et des appels d'offre de marchés publics à l'échelle du canton est proposé aux entreprises de construction qui voudraient proposer leurs services pour des projets. Une offre «entreprise» qui débute à 89 francs par an suivant le canton.
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Un tarif dégressif selon le nombre de lieux surveillés est proposé aux gérances, avec un abonnement annuel pouvant dépasser les 10'000 francs pour plus de 1000 biens immobiliers: «Avant même le lancement commercial de l'application, des gérances ont entamé l’évaluation de ce produit et PSP Swiss Property a été la première à prendre un abonnement annuel, relève Guilhem Tardy. Mais on voit aussi d'autres utilisations, grâce à la fonctionnalité de localisation par mots-clés. Par exemple une société de radiologie nous emploie pour déterminer les implantations de concurrents à proximité de ses cabinets.»
Résistances de l'administration vaudoise
L'innovation ne fait pas que des adeptes, en particulier au sein de l'administration vaudoise, qui facture sa feuille d'avis officiels 129 francs par an. Fin 2016, Guilhem Tardy a reçu une lettre de la Chancellerie d’Etat lui demandant la fermeture de son site sous 10 jours. Une réponse lui a été envoyée dans ce délai, arguant du respect des lois et règlements en vigueur. Trois mois plus tard, Guilhem Tardy a déposé plainte suite à une intervention du chancelier vaudois Vincent Grandjean sur les ondes de la RTS, estimant que ce dernier avait laissé entendre que l’activité de PilierPublic était illégale. La procédure pénale suit son cours.
L'entrepreneur estime par ailleurs que la feuille d'avis officielle n'est pas adaptée et peine à se moderniser: «Le canton de Vaud est le seul à proposer des alertes, mais j'ai pu constater qu'elles fonctionnaient très mal, car à la différence de pilierpublic.com, les données de localisation sont entrées manuellement avec un grand nombre d'erreurs. Sur la carte, on retrouve des enquêtes sur des projets situés... jusqu'aux Pays-Bas! Et le système d’alerte du canton était en panne pendant plus d’un mois en 2017.»
Les administrations commencent à réagir. À l'image de Vaud qui a lancé un crédit d'étude pour la mise à jour de son système, ou encore Genève qui est passé au tout digital. Toutefois, Guilhem Tardy reste optimiste: «Nous sommes en avance, voter les crédits, recruter les équipes et mettre en place de nouveaux systèmes nécessite du temps. Je pense que pilierpublic.com dispose d'une fenêtre d’au moins trois ans pour poursuivre son développement sans concurrence directe.»
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