Un site romand s’attaque au géant Western Union
On peut être philanthrope à 9 ans. C’est à cet âge que François Briod, son frère Pascal et quelques cousins à peine plus vieux se mettent en tête d’aider une tante qui dirige un foyer pour jeunes à N’tolo, un village du Cameroun. «La première année, nous avons envoyé 100 francs mais c’était 15 000 l’an dernier», se souvient François Briod.
Diplômé d’HEC Lausanne, le jeune entrepreneur a entre-temps découvert un problème que les migrants connaissent bien: transférer de l’argent d’Europe vers l’Afrique subsaharienne a un coût exorbitant: 12,1% de commissions en moyenne pour des montants de l’ordre de 40 milliards d’euros par an.
La situation mondiale n’est guère mieux: plus 9% de commissions en moyenne sur des transactions estimées à 534 milliards de dollars par la Banque mondiale en 2012.
Entrepreneuriat social
Les frères Briod et Laurent Oberholzer, un ami qui étudie la finance à l’ETHZ, se disent qu’il est possible de faire mieux. Le niveau particulièrement élevé de ces commissions tient pour l’essentiel à la situation de quasi-monopole qu’a Western Union sur ces transactions Nord-Sud.
Or, il existe des alternatives, à commencer par les propres services en ligne de Western Union ainsi qu’une foule de nouveaux acteurs comme Xoom aux Etats-Unis ou Azimo au Royaume-Uni.
Ils décident donc de lancer l’idée d’un comparateur des commissions lors du Startup Weekend de Lausanne. Rejoints alors par deux banquiers et trois ingénieurs expérimentés, ils développent depuis le site TawiPay.com qui vient d’être lancé.
Avec 220 corridors identifiés, le comparateur mesure déjà des différences importantes: 2,5% pour un transfert de 200 dollars de la Suisse vers le Sri Lanka en trois à cinq jours avec Credit Suisse contre plus de 14% dans l’heure avec Western Union. Pour se payer, le site prélèvera une commission infime sur chaque transaction via une rétrocession de la banque qui traite l’opération.
C’est là qu’est le défi. TawiPay négocie avec diverses institutions afin de les convaincre d’ouvrir un accès. Selon François Briod, «cela ne pose pas trop de difficultés avec les services les plus compétitifs». Les autres seront sans doute plus difficiles à convaincre jusqu’à ce que les utilisateurs affluent pour bénéficier de meilleurs tarifs.