Un radar pour surveiller la croissance des startups suisses
Monitorer l'ensemble des startups suisses, mesurer leur réussite, analyser leurs levées de fonds, appréhender leur survie, comparer avec les écosystèmes étrangers: voici la tâche à laquelle le portail Startup Ticker et le professeur de l'UNIL Michael Rockinger se sont attelés avec le Swiss Startup Radar.

«La collecte de données sur les startups est extrêmement utile: ce type d'études donne des éclairages uniques et fiables sur l'écosystème des startups émergentes, offrant des informations détaillées et des mises à jour régulières sur leurs caractéristiques de base, toujours avec une méthodologie apte à mener des comparaisons», insistait en 2016 Andrus Ansip, vice-président de la Commission européenne pour le marché unique digital.
Cette affirmation, énoncée lors de la parution de l' European Startup Monitor , pourrait s'appliquer à l'ensemble des écosystèmes innovants. Mais la Suisse, en dépit de l'intense activité entrepreneuriale et innovante de ses campus, laboratoires, incubateurs, pépinières et autres hautes écoles, ne disposait jusqu'à présent d'aucun outil global d'analyse de l'ensemble de son écosystème de jeunes pousses. Une lacune aujourd'hui comblée avec le Swiss Startup Radar qui paraît ce mercredi 28 novembre, fruit du travail commun du portail StartupTicker et de la Faculté des Hautes études commerciales (HEC) de l’Université de Lausanne .
4000 startups analysées

Pas moins de 4000 startups ont été inventoriées et scannées dans le pays, sur la période comprise entre 1996 et 2017. «Tout d’abord, c’est un outil d’analyse quantitatif de la 4000 data sets de startups pour voir combien sont fondées, dans quels domaines, à quelle vitesse elles grandissent, combien de temps elles mettent pour connaître le succès, combien de temps avant une éventuelle faillite, combien sont rachetées,… les données les plus importantes du secteur», explique Stefan Kyora, rédacteur en chef de StartupTicker .
Spécialisé dans l'analyse des nouvelles entreprises innovantes, il a remarqué depuis plusieurs années que le foisonnement des initiatives en Suisse, né pour soutenir le vaste mouvement des créations d'entreprises, restait morcelé et ne permettait pas d'avoir une vision globale et complète du phénomène, qui puisse permettre de mieux l'appréhender et envisager des comparaisons internationales. Or, de tels outils sont indispensables, non seulement pour les investisseurs prêts à s'engager en faveur de certains projets, mais aussi pour les entrepreneurs afin de disposer des éléments qui leur permettront de mieux bâtir leur startup. «Il y a beaucoup d’excitation sur les startups: les politiques en parlent, les cantons lancent des programmes, des fondations privées les aident,… mais il n’y avait pas d’outil jusqu’à présent pour analyser et benchmarker ces startups. Toutes ces organisations ont désormais un radar pour les aider à choisir lesquelles elles allaient soutenir», se réjouit Stefan Kyora.
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Pour mener à bien ce projet, il s'est associé au professeur Michael Rockinger (HEC-UNIL). Ce dernier a bâti un outil d'analyse des bases de données, à commencer par l'ensemble des startups répertoriées depuis des années par StartupTicker, puis de nombreuses autres sources. «Nous avons pu collaborer avec CrunchBase, la meilleure base data au monde, basée à San Francisco. Ils ont collecté des données tout autour du monde sur les startups et ont mis au point des modèles. Il a fallu faire un gros travail de vérification avec double check avec le registre du commerce de chaque canton afin de s'assurer que nos startups soient actives. Après ce ménage, nous avions un amas de 4000 startups suisses. Il a fallu vérifier que toutes soient encore actives, puis rassembler un maximum de données. On a travaillé avec pas mal de data sets existants qu’il a fallu nettoyer afin de pouvoir les comparer et d’avoir les comparer», détaillent les deux responsables du projet.
Pharma. MedTech, Fintech en tête

Un travail extrêmement minutieux qui a été soutenu par un certain nombre de partenaires, dont la Fondation Gebert Rüf, une fondation privée bâloise, Digital Switzerland, le canton de Zurich et le Secrétariat d'état à l'économie (SECO). L'engagement du canton de Zurich n'est pas anodin: c'est le canton leader en termes de créations de startups depuis deux décennies, notamment du fait de la présence sur place de l' Université de Zurich et de l' Ecole polytechnique fédérale de Zurich . Les cantons du Valais, de Genève, de Berne et de Zoug suivent. L'accélération observée ces dernières années dans le canton de Vaud dans le domaine de la création de jeunes pousses ne permet pas encore d'intégrer le peloton de tête, mais cela ne devrait pas tarder si la croissance se poursuit au même rythme que ces dernières années.
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Au niveau des secteurs, «le nombre de créations reflète les forces du pays en matière de start-ups. Dans les secteurs traditionnels de l’industrie pharmaceutique et des technologies médicales, des services financiers et de la production industrielle, comparée au reste du monde, la Suisse possède un nombre de start-ups à succès supérieur à la moyenne. Ainsi, le secteur suisse des start-ups se distingue nettement des autres pays», relèvent les deux auteurs.
Quid de la suite après cette première étude? «Nous préparons un travail avec un data set pour améliorer l’outil. Ce qui nous manque encore aujourd’hui, ce sont des données sur les revenus, sur la part des exportations,… nous devons ajouter cela et c’est un axe majeur de développement. Cependant, déjà avec ce premier Swiss Startup Radar, nous allons pouvoir convaincre d’autres partenaires de nous rejoindre et envisager un travail plus ambitieux encore», annonce Stefan Kyora.
Le Swiss Startup Radar , fort de 200 pages et décliné en trois langues (allemand, français et anglais), peut être téléchargé dès maintenant sur Startupticker.ch et être commandé à l’adresse news@startupticker.ch .
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