Newscron internationalise son kiosque numérique

La presse pourra-t-elle rentabiliser ses contenus numériques comme l’a fait la musique grâce à des systèmes d’abonnement bon marché de type Spotify ou Deezer? Après treize ans de chute, la remontée en 2012 des revenus de l’industrie musicale grâce à ces modèles suggère que les agrégateurs de news de deuxième génération développés par les américains Prismatic, News360 et par le suisse Newscron offrent au moins un espoir.
Ces sites ne se contentent pas de rendre payant ce qui peut-être téléchargé gratuitement. Ils ajoutent des fonctionnalités inédites pour séduire les internautes.
C’est la raison pour laquelle il a fallu plus de trois ans à Elia Palme pour développer des algorithmes de reconnaissance sémantique dans les laboratoires de l’Ecole polytechnique de Zurich. Convaincue par la puissance et le potentiel de ces outils, l’ETHZ a décidé de ne pas publier ces recherches mais de vendre une licence, ce qui a débouché en novembre dernier sur la création de Newscron à Lugano, après une levée de fonds de 140 000 francs.
Un tri intelligent
«Nous sommes partis du problème qui se pose aux journalistes et aux éditeurs, à savoir l’érosion de leurs revenus, explique le COO, Patrick Lardi, qui a élaboré le modèle d’affaires de la start-up. Les agrégateurs de news de première génération de type Flipboard ou Zite ne font pas de distinction dans la qualité des articles. Pour eux, la reprise d’un communiqué de presse équivaut à une analyse et ils multiplient les articles sur le même sujet.
Notre logiciel «lit» les articles et les hiérarchise, avec en arrière ceux qui portent sur le même sujet tout en apportant un complément.»
La start-up suisse mise aussi sur son multilinguisme. Elle avait d’emblée l’allemand, l’italien et le français et a pu s’étendre à l’Italie et à l’Allemagne puis à la France, à l’Autriche et à la Belgique. Elle a passé des «gentlemen’s agreements» avec des éditeurs pour avoir accès à 170 journaux et plateformes de blogs et construire sa croissance.
Comme elle estime que la publicité associée à ces contenus gratuits ne rapporte que de 2,50 francs à 5 francs par an et par utilisateur, Newscron mise sur un système d’abonnement de 25 francs à 60 francs par an qui donnera accès à des fonctions de recherche par mot-clé, de statistiques sur les contenus, voire d’archives.
«Avec ces versions premium, nous reverserons la moitié de nos revenus aux éditeurs», précise Patrick Lardi. C’est ce que font Spotify ou Deezer dans la musique. Reste à savoir si les lecteurs internautes adhéreront.