LinkedIn, la fabrique des miracles
Considéré par les experts du recrutement comme une vitrine indispensable, LinkedIn promet des résultats. Les inconnus se font connaître et les recruteurs ont un outil très puissant. Attention au faux.

Et si une partie de LinkedIn n’était que du vent ? «La question elle est vite répondue», affirmait Jean-Pierre Fanguin au mois de juin 2020, dans une vidéo qui s’est répandue comme une trainée de poudre sur tous les réseaux sociaux. La plateforme de réseautage professionnelle compte plus de 645 millions d’utilisateurs.
Parmi les utilisateurs, des personnes très actives et d’autres davantage passives. La plateforme s’est imposée comme un incontournable du recrutement en 17 ans. «Il s’agit d’un outil indispensable pour la recherche de profils plutôt que de contenu», affirme Marc-Antoine Glauser, partenaire et directeur du département banque et finance au sein d’ Allec Allan & Associés . Il poursuit: «Si une banque cherche un juriste pour une tâche très spécifique, elle va mettre une annonce sur une plateforme d’emplois et aura deux ou trois CV pertinents, mais elle va aussi se diriger vers LinkedIn.»
La grande force du réseau est qu’il permet de recruter des personnes en poste, qui ne sont pas en recherche active. «Presque tous les recruteurs utilisent cette plateforme. Ne pas être présent sur le réseau vous ferme l’accès à grand nombre de chasseurs de tête», tranche Jean Ghislain de Sayve. Cet expert travaille pour Hunteed , la plateforme de mise en relation entre les entreprises et les cabinets de recrutement. Il voit LinkedIn comme une manière subtile de faire son personal branding. «Il faut se connecter, se faire connaître en écrivant des choses pertinentes. Il faut montrer que l’on est expert dans son secteur ou dans son métier. Il faut plaire le plus possible, que l’on soit candidat ou entrepreneur.»
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A qui ?
Alex Cooley a publié un article au sein de la Harvard Business Review. La fondatrice de ACElectric , qui conseille les femmes dans la tech, les médias et la finance à trouver des promotions, rappelle qu’un profil LinkedIn n’est pas destiné à son créateur - à vous - mais à ses destinataires. «Sur votre page LinkedIn, votre mission est de vous présenter de manière à ce que vos partenaires, employeurs, sponsors, investisseurs ou clients pensent «cette personne a les réponses dont j’ai besoin!»
Être apprécié et être mis en avant permet d’apparaître sur le fil d’actualité de personnes-clés. Partager son CV est une pratique courante, et il peut vite amener à décrocher quelque chose. «Vous pouvez avoir des rêves ambitieux et la meilleure expérience pour les accomplir, mais à un moment donné, vous aurez besoin de l’aide d’autrui», écrit Alex Cooley. «Des miracles existent» confirme Jean Ghislain de Sayve. «Une belle fleur dans une cave à laquelle personne n’a accès n’a aucune chance d’être cueillie», lâche-t-il avec un sourire.
Il évoque également le souhait de certains de «faire le buzz» pour la visibilité que cela apporte. L’exemple de Jean-Pierre Fanguin est parlant: lui qui appelait les jeunes entrepreneurs à le contacter a vu son audience dopée. Sa vidéo a largement été partagée sur différents réseaux, que ce soit LinkedIn, Twitter ou encore Facebook . De nombreux médias l’ont interrogé et sa visibilité lui a permis de franchir la barre des 100’000 abonnés.


Stratégie gagnante? S'il a de la visibilité, cela ne fait pas tout dans certains métiers. Le contenu n’est pas toujours en première ligne de ce qui est scruté par les recruteurs. «Ce sont surtout le parcours professionnel, les contacts, les compétences et les recommandations qui comptent», témoigne Marc-Antoine Glauser. Attention toutefois, puisque l’activité et les messages laissent des traces. «Il est important d'être conscient qu'il s'agit d'un échange professionnel où certains comportements doivent être respectés (comme par exemple un ton de voix poli, une forme d'adresse correcte, etc.)», avertit Lorena Brunner, directrice communication au sein d’ Adecco .
Deux salles, deux ambiances
Pas loin de cette image turbulente de jeune entrepreneur, il y a ces experts en ressources humaines qui prennent le contre-pied des idées reçues. «Pour que je recrute un candidat, il doit m’appeler trois fois après l’entretien afin que je sois certain de sa détermination» ou encore «Laissez une chance à ceux qui ne se présentent pas à l’entretien sans s’excuser auparavant, ils avaient certainement une très bonne raison» sont des exemples de posts entraînant une multitude de réactions.
Est-ce que cela colle à la réalité du marché? Pour la directrice communication d'Adecco, les approches étonnent parfois. «En général, un recruteur entretient un bon échange avec les candidats et les tient informés des prochaines étapes du processus de recrutement. L'honnêteté et la sincérité sont certainement plus prometteuses ici», affirme Lorena Brunner. Même constat pour Marc-Antoine Glauser: «Certaines personnes n’ont pas l’habitude de notre marché. Il y a des pratiques qui sont un peu hors du temps pour les Suisses». Il y a indéniablement de très bons contenus ainsi que des échanges utiles. Certains comptes Twitter comme celui de Disruptive Humans of LinkedIn recense les passages particulièrement surprenants.
La manière dont l'algorithme de LinkedIn fonctionne est un secret bien gardé. Certains experts travaillent toutefois à en comprendre les mécanismes. «Pour qu'il y ait un effet de viralité, il faut qu'il y ait des interactions dans les 30 premières minutes. Ce sont surtout les commentaires qui comptent» explique Gabor Markus, CEO de We Simplify the Internet (WSI) . Poser des questions ouvertes amène de l'engagement, et l'engagement amène des discussions. «Quelqu'un qui commente un post fait qu'environ 10% de son réseau le verra.» La stratégie consiste donc pour certains à taguer les personnes influentes en espérant qu'elles commentent, ce qui amène énormément de visibilité et d'échanges potentiels.
La force de l'habitude
LinkedIn est une plateforme mondiale qui séduit de nombreux secteurs, du marketing à la finance. «Cette culture des réseaux finira par coller à beaucoup de monde», assure Jean Ghislain de Sayve. Il a actuellement l’impression que certains utilisateurs mélangent le réseau professionnel avec Facebook - davantage personnel. Les pratiques anglo-saxonnes qu’observent certains professionnels du réseau contraste parfois avec les habitudes helvétiques.
Toujours baignée dans la finance, avec la rigueur et la précision qui vont avec, la Suisse adopte les nouvelles pratiques à son rythme. Que ce soit avec des approches frontales ou avec une grande subtilité, chacun oriente son profil selon l’image qu’il veut véhiculer. L’important demeure de bien se renseigner et d’éviter de suivre à la lettre le premier post venu. «On est là pour séduire: entreprises comme employés» conclut l’expert de Hunteed. Professionnalisme et prudence sont de mise pour proposer la meilleure vitrine qui soit.
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