Les selfies ont leur réseau social
Il y a eu la célébrissime photo de Barrack Obama avec Helle Thorning-Schmidt, première ministre danoise. Est-ce l'effet Obama ou la diffusion du mot et de la pratique: «selfie» est entrée dans le très sérieux Oxford dictionnary en 2013. Institution qui l'a même désigné mot de l'année. Il y a eu surtout ces centaines de stars américaines ou européennes et ces centaines de millions d'anonymes qui ont succombé à cette mode.
Pourtant, la pratique en soi n'a rien de révolutionnaire: prendre une photo de soi existe depuis la miniaturisation des appareils photos. Elle a été facilitée d'abord par l'arrivée des appareils numériques voici une vingtaine d'années, qui a permis de vérifier de suite que le cadrage à bout de bras était bon. Ensuite par l'apparition des smartphones avec leur fonction objectif inversé qui permet de voir le cadrage de la photo alors même qu'elle n'est pas prise. Enfin par la naissance des réseaux sociaux qui a permis d'échanger ces selfies avec ses amis ou avec le grand public.
Lors des derniers grands rendez-vous planétaires, comme à Davos par exemple, la selfie a constitué le passage obligé des têtes d'affiche comme des anonymes. Souvent des deux d'ailleurs en associant le quidam à la célébrité l'espace d'un cliché.
Un réseau social couvert de photos
Mais une fois le cliché pris, qu'en faire? L'envoyer sur les réseaux sociaux évidemment pour partager avec ses connaissances ou le monde entier la satisfaction qu'on a d'être avec une personne ou en un endroit bien particulier. Mais souvent, ces autoportraits se retrouvent noyés dans la masse des contenus des réseaux sociaux (statuts, partages, liens,...). Pour remédier à ce problème, l'Américain John Shahidi a eu l'idée de créer Shots.
Le principe? Shots est un réseau social et une appli pour smartphone. L'abonné y met en ligne ses selfies et les partage avec ses amis ou, s'il ne privatise pas son profil, avec le grand public. Au final, les utilisateurs découvrent des murs entiers d'autoportraits dans toutes les situations, avec toutes les personnes possibles et dans tous les lieux. Quelques fonctionnalités annexes sont possibles comme le like, le partage, l'identification des amis sur les photos, l'échange de messages privés ou la géolocalisation. Mais aucun commentaire des photos n'est autorisé, car, comme le signale le règlement de l'appli avant son téléchargement, contrairement à d’autres réseaux sociaux, l’application n’a pas pour but d’engendrer négativité et intimidation.
Une simplicité qui a plu au champion des selfies parmi les people: Justin Bieber. Accro aux réseaux sociaux (il a été la personne la plus suivie au monde sur Twitter avant d'être dépassé fin 2013), le chanteur américain a voulu soutenir l'initiative. Et il a investi la somme d'1,1 million de dollars pour lancer l'appli et le réseau social, comme le révélaient CNN et Fortune en novembre dernier, sur les 2,7 millions de dollars réunis par les fondateurs.
Justin Bieber testeur de jeux
Pour John Shahidi, CEO de RockLive (start-up rebaptisée Shots depuis), ce soutien a constitué un pas décisif vers la naissance de Shots, mais pas une surprise absolue: «Nous avions fait connaissance alors que Justin jouait aux jeux que nous développions et a tweeté à leur sujet. Il s'est alors investi dans nos produits, en a testé certains et nous a fait part de ses avis. Quand nous lui avons dit que nous voulions lancer un nouveau réseau social, qui s'adresserait aux adolescents et leur proposerait ce que d'autres réseaux ne leur offraient pas jusqu'alors, ses yeux se sont mis à briller», raconte John Shahidi.
Au-delà du soutien financier, Justin Bieber a également joué un rôle crucial dans la médiatisation de Shots: lors du lancement de l'appli et du réseau, il a immédiatement tweeté pour annoncer l'événement, et a invité ses 46 millions d'abonnés sur Twitter à s'inscrire. Et il alimente régulièrement son compte Shots depuis cette date, tout en continuant de tweeter.
.@justinbieber (Bizzle) on @Shots pic.twitter.com/fK4bf50HCk
— Justin Bieber Crew (@JustinCrew) 8 Février 2014
En quelques mois, RockLive, qui était jusque-là une start-up spécialisée dans les jeux pour smartphones, s'est recentrée sur ce réseau social qui a séduit plusieurs millions d'adolescents. Mais les autres activités ne sont pas abandonnées pour autant, Car John Shahidi le sait bien: les tendances du web s'évanouissent parfois plus vite qu'elles n'apparaissent.