La réalité virtuelle prend de la hauteur à Crans-Montana
Pour sa 3e édition, du 7 au 10 juin, le World VR Forum monte en puissance. Le rendez-vous de Crans-Montana consacré à la réalité virtuelle s'étoffe avec un deuxième site, de nombreux rendez-vous supplémentaires, dont des sessions de pitch en télécabine pour les porteurs de projets, ou un focus sur le financement des oeuvres.

Des conférences, tables-rondes, sessions d'expérimentation, workshop et concours: la première édition du World VR Forum de Crans-Montana avait posé les bases d'un festival. En 2017, les offres existantes avaient été étoffées et un marché avait vu le jour pour rassembler les acteurs économiques du secteur. Pour la troisième édition qui se tient du 7 au 10 juin dans la station valaisanne, la barre est placée encore plus haut. Et même à 2220m d'altitude pour être précis: «Nous ouvrons un deuxième espace: après le centre de congrès Le Régent, nous bénéficions cette année du Cry d'Er, un grand espace à l'arrivée d'une télécabine», se réjouit Salar Shana, directeur du World VR Forum . Et de détailler l'offre qui sera proposée en altitude: «Une série d'expériences immersives multijoueurs, pour découvrir les interactions entre participants à une session VR, mais aussi des événements pendant les quatre jours et notamment la soirée du cloture. De là-haut, on a une vue époustouflante à 360°... quoi de plus naturel dès lors d'y proposer de la VR?»
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Et pourquoi ne pas mettre à profit les quinze minutes de trajet entre la station et ce site à 2220m d'altitude? Pari relevé pour les organisateurs qui proposent aux porteurs de projets de rencontrer des investisseurs dans le cadre confiné de la télécabine pour un pitch d'un quart d'heure. Et espérer sortir de la remontée mécanique avec une enveloppe pour que le projet puisse voir le jour. Gare toutefois à ne pas prendre froid aussi haut.
Le Canada en invité d'honneur
Une mise en garde qui vaut aussi pour l'invité d'honneur de cette troisième édition: le Canada. Après la Chine en 2017, le pays du continent américain va venir avec ses plus brillantes pépites dans le domaine de la création VR. «Nous avons développé dans ce pays un réseau très dense et prolifique de contacts, et nous avons pu y voir à quel point la création est riche et intense dans les studios VR», précise Salar Shana, qui espère, avec cette invitation, renforcer les liens entre le Canada et la Suisse, notamment le Valais, dans le domaine technologique.
Et la présence du Canada est encore renforcée par la venue de l' Atelier Grand Nord . A l'origine de 61 projets de films portés à l'écran, cette initiative née en 2004 de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) du Québec rassemble des scénaristes et autre professionnels du cinéma pour des séances de travail autour de la création audiovisuelle. «La présence de l'Atelier Grand Nord au World VR Forum illustre l'attrait des auteurs pour d'autres formes de narration que le cinéma traditionnel avec les expériences et créations VR, qui exigent désormais un véritable travail d'écriture, loin des simples prouesses technologiques des débuts», se réjouit Salar Shana.
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D'Amérique du Nord aussi, mais des Etats-Unis, vient le conference chairman de l'année: Bruce Wooden est l'une des figures de proue de la VR, cofondateur d'AltspaceVR, une des premières plateformes de référence du secteur (acquise par Microsoft), cofondateur du réseau Silicon Valley Virtual Reality (SVVR) ou encore auteur et analyste prolifique sur le sujet, il est actuellement responsable des relations développement pour 6D.ai, une société qui développe des applications pour un cloud en réalité augmentée. «J'aimerais apporter au sommet 2018 mon enthousiasme et mon énergie, notamment pour la Social VR», annonce Bruce Wooden, dont le cheval de bataille est cette déclinaison de la VR visant à accroître les échanges et la communication à travers les individus et les communautés en utilisant cette technologique. «La Social VR est importante en raison de ce qu'elle peut faire au-delà des autres moyens de communication. Par exemple, la visioconférence offre la possibilité de voir une personne, son expression et son langage corporel. Avec la VR, vous avez la possibilité de voir également leur langage corporel, leur emplacement dans l'espace et avoir une idée de leur présence physique grâce à un avatar. Plus important encore: la VR permet un contexte physique pour l'interaction sociale. Nous pouvons avoir des fichiers, des données et des modèles 3D dans l'espace avec nous, que nous pouvons manipuler et déplacer. La VR est beaucoup plus proche du type d'interaction que vous avez l'habitude de traiter en tant qu'être humain, ce qui devient très important en ce qui concerne l'évolution des communications numériques et l'interaction humaine», professe le VR evangelist.
Le secteur bancaire arrive
Moins exotique mais tout aussi cruciale pour les organisateurs: la venue des visiteurs locaux. Le partenariat initié avec les autorités cantonales et les offices de promotion économique sont reconduits, et le World VR Forum a contacté individuellement les 126 présidents de communes du canton, pour les inviter et donner plus d'ampleur encore à l'événement. «L'an dernier, le rendez-vous avait attiré 2000 visiteurs, nous espérons atteindre la barre des 4000 cette année», vise Salar Shana. Pour ce faire, le World VR Forum veut dépasser le cadre des professionnels et passionnés et s'ouvrir au grand public, et notamment aux visiteurs valaisans pendant le week-end. «Nous allons proposer un espace sous dôme en libre-accès le dimanche afin d'inciter les curieux à aller essayer des appareils et à vivre des expériences nouvelles pour eux», détaille le directeur du World VR Forum. Selon lui, «il reste un énorme travail d'évangélisation du grand public à accomplir; on manque d'espaces pop-up pour toucher un maximum de gens. Avec la baisse des prix des appareils, et notamment l'Oculus Go autour des 200 francs par Facebook, l'usage de la VR devrait peu à peu se démocratiser en Suisse. Mais ce qui manque, ce sont des lieux de découverte sociale: il y a eu des cinémas avant la télévision et des cafés internet avant l'ADSL à la maison: il faut cette phase aussi pour l'adoption à grande échelle de la VR».
Cette volonté de favoriser l'adoption par le grand public rencontre la prise de conscience des enjeux et potentiels par les acteurs de l'économie traditionnelle: la banque privée Lombard Odier sera présente à Crans-Montana, à la fois pour repérer les pépites et pour évoquer ses projets dans le domaine. «Le secteur bancaire est bousculé par le digital depuis de nombreuses années, mais ce sont des solutions toujours plus poussées qui font irruption dans cet univers désormais et la VR en fait partie. La venue de Lombard Odier est un signe encourageant quant à la prise de conscience, et nous espérons que d'autres acteurs du secteur bancaire vont suivre et s'adapter dans les années à venir», analyse Salar Shana. Quant à l'autre volet financier et bancaire, celui de l'investissement dans les projets, il n'est pas négligé par les organisateurs: plusieurs fonds étrangers seront présents cette année et le World VR Forum ambitionne de davantage connecter cet univers à celui des créateurs, notamment en mettant l'accent sur les solutions de financement ou la coproduction internationale.
Treize projets en compétition
Pas question cependant de renoncer à la facette festival: 13 projets sont présentés en compétition et trois autres hors compétition. Le jury composé de spécialistes devra sélectionner lequel repartira de Crans-Montana avec la Couronne Impériale, le trophée né lors de l'édition 2017. Parmi les treize candidats au palmarès figure notamment les Suisses d' Imverse avec Elastic Time, qui propose une plongée dans un espace teinté de science-fiction, avec la possibilité de créer des trous noirs et des trous de vers, voire des portails temporels.
Autre projet marquant: The Sun Ladies, qui plonge dans le conflit entre les Kurdes et l'Etat islamique en immergeant dans les unités de femmes combattantes des YPG (milices kurdes), avec leur quotidien de sacrifices et de dangers. Une oeuvre américaine déjà sélectionnée aux festival Sundance et SXSW et qui cumule les éloges. «The Sun Ladies n'est pas juste un film. La VR est vue comme un instrument d'empathie, mais l'empathie nécessite d'être expérimentée. L'intégralité de l'expérience fait écho au dialogue actuel dans le monde sur nos réactions contre la violence sexuelle et l'oppression, et comment nous voulons vivre ensemble, que nous syons du Kurdistan ou d'ailleurs», explique la productrice du projet Maria Bello.
Autre projet en compétition, mais pensé pour tous les âges: Wolves in the Walls. Cette fable américaine met le participant en contact avec un personnage d'une petite fille âgée de 8 ans, Lucy, et d'entrer en interaction avec elle. L'expérience s'appuie notamment sur des réactions de Lucy aux actions menées par la personne qui vit cette plongée dans un univers d'enfant.
Quant aux conférences de cette édition 2018, elles vont surtout tourner autour du thème «Être ensemble», avec des focus sur les déclinaisons de la VR vers l'éducation et la formation, la santé, la connexion sociale ou encore l'art. Mais les aspects directement liés à l'économie ne seront pas absents avec des approches du domaine du luxe ou encore une conférence sur un développement de cryptomonnaie VR. De quoi satisfaire tous les appétits.
Pour mener à bien ces différentes missions, l'équipe du WVRF s'étoffe. Nouvelle recrue, Nikki Ernst est issue de l'univers du cinéma traditionnel: «Beaucoup de gens que je connais ont travaillé dans la VR, moi j’ai découvert cet univers récemment en venant du cinéma. Il y a un niveau très élevé atteint par certaines créations, mais cela reste parfois inégal. Dans la VR, on peut créer très vite, à l’inverse du cinéma. Et je tenais à découvrir cette approche-là aussi».
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