L’immobilier bascule dans l’ère numérique
Du crowdfunding à la réalité virtuelle, les nouvelles technologies font une entrée fracassante dans le secteur en Suisse via une myriade de start-up. Objectif? Eliminer la bureaucratie.
Leur idée, née il y a quatre ans, devient aujourd’hui une tendance. Au cours d’une discussion, le gérant immobilier fribourgeois Alexandre Jordan et l’informaticien Betim Shkodra constatent que la gérance immobilière est largement demeurée à l’époque du papier. Et qu’il serait temps d’améliorer la communication entre locataires et gérances avec des outils numériques.
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Ne trouvant pas de solution sur le marché – les grandes gérances ayant des solutions sur mesure – ils créent homePad pour digitaliser la gestion locative des petites et moyennes gérances. Leur application a ainsi servi à gérer plus de 500 000 mises en location par 1200 agences en Suisse, France, Belgique, Luxembourg et Danemark. Avec des partenaires comme Portia, seloger.com ou Immoweb, ses revenus croissent de 8% par mois. Elle s’attaque maintenant aux marchés allemand et britannique.
La start-up fribourgeoise n’est toutefois plus seule sur ce segment. Rien qu’en Suisse, des concurrents comme PapayaPods ou The Smarter Place se profilent sur le marché. Très «génération smartphone», le premier séduit en particulier les étudiants et leurs bailleurs. Le second ajoute des services pour les locataires tels qu’inventaire photo du mobilier ou gestion de la domotique. De son côté, FlatFox ajoute la possibilité d’obtenir un extrait de la situation d’endettement du candidat locataire à un service d’annonces.
On assiste ainsi depuis quelques mois à une vague d’éclosion de start-up dans l’immobilier. Une quinzaine d’entre elles se sont même regroupées dans le réseau Swiss PropTech en décembre dernier. «On retrouve leurs modèles d’affaires ou leurs technologies innovantes à tous les niveaux du cycle de l’immobilier», ajoute Marco Facchinetti, cofondateur de cette plateforme. A côté de la numérisation de la gérance, certaines start-up développent d’autres services pour les professionnels et les particuliers tandis que d’autres sont actives dans le financement de la construction.
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Dans la première catégorie, on trouve des entreprises comme Spectando ou Movu. «La visualisation est le premier critère de recherche d’un bien immobilier», explique Alexander Sanders qui a lancé Spectando en juin 2016. L’entreprise a créé un service de visite virtuelle à 360 degrés des propriétés grâce à une app sur son téléphone portable. L’application donne la possibilité d’augmenter les lieux de meubles virtuels ou de rénovations à venir pour s’en faire une meilleure idée. En outre, elle mesure automatiquement les pièces pour créer un plan.
Lancée en février 2015, Movu résout une autre difficulté du marché immobilier: le déménagement. Sa plateforme permet de soumettre un film ou les photos de son mobilier pour obtenir des offres d’au moins cinq déménageurs (et/ou nettoyeurs) locaux. La plateforme remet aussi des coupons auprès de partenaires comme Micasa, Coop Brico+Loisirs ou effectue un check-up en matière d’assurances. Après 8000 déménagements ou nettoyages au cours de ses deux premières années d’existence, «Movu atteint le rythme de 500 à 600 déménagements par mois avec moins de 1% de réclamations», selon son fondateur Laurent Decrue.
A la rencontre des fintechs - -
Le dernier domaine de l’immobilier qui entre dans le numérique est celui de l’investissement. La plateforme Crowdhouse permet aux particuliers d’investir un montant à partir de 25 000 francs pour coacheter un immeuble existant ou en construction. Après une évaluation effectuée par des experts mandatés, l’immeuble est proposé aux investisseurs qui apportent typiquement 50% sous forme de fonds propres tandis que le reste du financement passe par une hypothèque. Les investisseurs deviennent ainsi copropriétaires de l’immeuble et en touchent les rendements locatifs (4 à 6%). Seize propriétés ont bénéficié de cette adaptation immobilière du crowdfunding jusqu’à présent. Ardian Gjeloshi, CEO de Crowdhouse, s’attend à ce que ce chiffre monte à vingt en 2017.
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De son côté, l’entreprise genevoise SwissLending propose un équivalent, mais cette fois pour des prêts aux professionnels. A Lancy (GE) et à Villiers-sur-Marne en France, le service créé à Genève a permis à des promoteurs de lever 1,1 million de francs l’an dernier. Et aux neuf investisseurs qui avaient participé à sa première opération de toucher un rendement hors impôt de 8% après le remboursement en février dernier du prêt qu’ils avaient consenti un an plus tôt.
Sélectionnée par l’accélérateur Fintech Fusion à Genève, Foxstone offre des services équivalents de financement participatif à la fois en capital pour l’achat d’un immeuble et de prêts à des promoteurs. Elle développe en plus la possibilité de co-investir dans un projet avec un promoteur. Depuis la création de l’entreprise en septembre 2016, son fondateur Dan Amar a dû passablement éclaircir le terrain légal afin de faire reconnaître le caractère particulier du crowdfunding (étendre par exemple de sept à soixante jours la possibilité de conserver des fonds en dépôt) par la Finma. Après plusieurs rulings favorables, la plateforme est opérationnelle.
Pour éviter les difficultés de la législation financière, myBrick.ch a renoncé à être dépositaire de fonds pour servir d’accélérateur de ventes pour les courtiers. «Nous allons donner la possibilité aux gens de pouvoir investir dans l’immobilier suisse dès 10 000 francs», précise Waleed Julier, fondateur de la plateforme qui s’apprête à lancer sa première campagne dans les prochaines semaines.
Cette multiplication des acteurs dans les proptechs servira-t-elle à dynamiser le marché immobilier helvétique? C’est probable, dans la mesure où ces nouveaux services automatisent avant tout la bureaucratie d’un marché caractérisé par le foisonnement de ses régulations.
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