Comment lira-t-on demain?
Le livre n’est pas mort, et son futur est plutôt réjouissant. C’est le message qui ressort de l’exposition The Book Lab, créé par swissnex San Francisco, hub d’innovation entre la Suisse et les Etats-Unis. Déjà présenté outre-Atlantique en octobre, The Book Lab s’est enrichi de nombreuses créations depuis, et propose aujourd’hui onze projets de plusieurs artistes suisses.Tous issus des hautes écoles suisses : Universités de Berne ou Zurich, Head Genève, Ecole de design de Bâle...
Leurs projets sont bien plus que des simples e-books améliorés : livre-coussin, ouvrage qui réagit aux haleines alcoolisées, dispositif de lunettes en trois dimensions reliés à des casques, outil d’édition qui permet de mettre en page soi-même son ouvrage... Ces innovations ont un impact direct sur la façon dont le lecteur aborde une histoire (voir notre diaporama).
« On est loin du livre électronique avec un peu d’interactivité », confirme Douglas Eric Stanley, professeur au sein du master Media Design à la HEAD Genève, dont plusieurs élèves présentent des projets à Book Lab. « Ici, l’interactivité fait partie intégrante de l’écriture, et du processus narratif. »
Adapter la narration au lecteur
Les auteurs de projet ont cherché à repenser la narration, par différents biais. « Une histoire peut avoir différentes facettes, par lesquelles ont peut entrer, ou différents points de vue, comme le montrent les fameux ouvrages ‘le livre dont vous êtes le héros’, il y a aussi différentes débuts possibles », détaille Douglas Eric Stanley. « C’est comme une boule de cristal, il y a différentes possibilités pour voir l'image. » Et plusieurs images possibles !
L’objectif de ce chercheur est de permettre, à terme, la création d’un logiciel facilitant le travail des designers qui pensent ces nouveaux objets de lecture, pour modifier et adapter l’écriture en fonction du projet, sans nécessairement faire appel à des ingénieurs, comme c'est le cas aujourd'hui.
Le design narratif est l’enjeu des livres de demain, il permet de repenser les histoires, les aborder différemment et surtout, les adapter aux envies et aux pratiques de chaque lecteur. Comme cet ouvrage qui, grâce à un complexe système de capteurs et de projecteur, propose un contenu différent, selon la manière dont on tourne ses pages. Ou ce livre audio, qui propose au lecteur différentes actions pour le faire participer à l'histoire (courir, marcher, se cacher, s'accroupir...).
Les applications concrètes et la commercialisation ne sont pas une illusion. Pour certains projets, elles sont déjà en cours, notamment pour « Once upon a tale », un projet qui permet au lecteur de modifier un conte, en introduisant par exemple un nouveau personnage, par exemple Blanche-Neige à la place du Petit Chaperon rouge. Ce sont les éditions Volumiques, à Paris, qui diffuseraient ce projet.
Présenté dans le cadre de la Conférence internationale pour les humanités digitales, qui se tient la semaine prochaine, l’exposition The Book Lab a été invitée par Frédéric Kaplan, responsable des humanités digitales à l’EPFL, elle reste visible jusqu’au 11 juillet au Rolex Learning Center.