BioInnovation Day: l’innovation romande dans l’événementiel
En sourçant les projets avant même qu’ils ne sortent des laboratoires universitaires, la manifestation attire des capital-risqueurs toujours plus en concurrence pour les meilleures startups. Unique.

Suggéré par les professeurs Ann Kato et Robert Gurny aux bureaux de transferts d’innovation des universités de Genève ( Unitec ), de Lausanne et du CHUV ( PACTT ) et ainsi qu’à celui de l’EPFL , le BioInnovation Day , dont s’est déroulée jeudi 15 novembre la huitième édition, a développé depuis 2006 un modèle d’évènements startup aussi original que convaincant.
Ni conférence scientifique, ni alignement de pitchs formatés (un peu toujours selon les mêmes recettes), cet évènement fait la part belle à des innovations basées sur les sciences (de la vie en l’occurrence). La moitié sont encore dans des labos universitaires mais suffisamment proches d’une industrialisation pour être commercialisées sous forme de licences à des partenaires ou transférées à une startup. C’est d’ailleurs déjà le cas pour l’autre moitié des startups.
On est donc ici au cœur du transfert de technologie à la Suisse. En témoigne les présentations de Spitzwerk , qui augmente la précision des imprimantes 3D, y compris biologiques, grâce à sa capacité à traiter, d’ AgroSustain (fongicides naturels pour l’agriculture), ou Kejako (traitement laser de la presbytie). Elles font systématiquement références à leurs origines académiques.
L’avantage compétitif de la liberté académique
Certes, celles-ci sont des gages de qualité et de sérieux. Mais il ne faut pas oublier que la liberté académique donne l’opportunité d’explorer des champs éloignés de l’urgence de résultats trimestriels. C’est donc une source non seulement d’originalité mais de créativité.
En témoignaient, par exemple, GliaPharm et Haya Therapeutics ( sélectionnée dans les 50 start-up dans lesquelles investir de Bilan en mars dernier ). La première a déniché dans les cellules gliales du cerveau (considérées comme secondaires par rapport aux neurones) des mécanismes à même de restaurer les flux d’énergie vers des neurones frappés de dégénérescence. La seconde a trouvé dans le «Junk » DNA (la partie qui n’exprime pas de protéine de l’ADN et considérée d’abord à tort comme inutile) les bases d’une thérapie génique pour traiter la fibrose cardiaque, principale maladie du cœur.
>> À lire aussi: Elthera leader émergent de l’immunothérapie
Du coup, l’audience est restée suspendue aux 36 présentations des chercheurs et en particulier aux présentations de projet de recherche universitaires susceptibles de devenir start-up. En vrac: RollingHeart, un cœur artificiel de nouvelle génération développé entre le CHUV et l’EPFL, des nanomatériaux contre la grippe ou de nouvelles cellules immunitaires (CAR T-cell) pour attaquer les cancers solides.
Sur le plan des tendances émergentes on relève aussi deux projets utilisant les nouveaux ciseaux génomiques CRISPR-Cas 9 qui promettent une déferlante d’innovations dans les thérapies géniques. A l’UNIL, Vincent Dion s’en sert pour éliminer partie surabondante de l’ADN, cause de maladies neurodégénératives. Au CHUV, Nicole Déglon s’attaque à une mutation responsable de la maladie d’Huntington (une personne sur 10'000 avec au bout la démence).
Un concept à décliner
Le jury a ainsi le plus grand mal à décerner ses prix. Celui du public (1000 francs) est allé à Ferran Galan de l’Université de Genève qui développe une technologie pour que les 30 millions de tétraplégiques dans le monde puissent commander des appareils avec des mouvements du visage. Les coques imprimées en 3D pour améliorer les radiothérapies de cancer du sein de Giovanna DiPasquale des HUG ont reçu le prix des incubateurs (soit un an de coaching chez Eclosion , à la Fongit ou au BioPôle ).
Enfin, les prix BioInnovation (mention académique et startup) d'un montant de 5000 francs chacun) ont été attribués respectivement à Andrej Babic de l’Université de Genève pour le projet ImageBAT (agent de contraste pour scanner) et à Alberto Schena pour ABCDx (test portable de diagnostic).
>> À lire aussi: Blue-Ocean Ventures tokénise son portefeuille
Tous ces chercheurs-entrepreneurs seront maintenant bien inspirés de suivre les conseils du capital-risqueur lors de la table ronde, à savoir de bien choisir leurs investisseurs. Parce que c’est la situation désormais en Europe: les investisseurs sont en compétition pour les meilleurs deals. En permettant de montrer le réservoir de projets des universités lémaniques, le BioInnovation Day tombe donc juste maintenant que cette concurrence force l’argent à trouver les meilleures opportunités et plus le contraire.
Reste à savoir si cet évènement dont on ne connait pas d’équivalent dans d’autres écosystèmes de startups ne devrait pas être enrichi dans un équivalent dans les technologies de l’information à ce qu’il a réussi dans les sciences de la vie?
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.