ArtTech fait converger technologies et cultures
Des drones pour cartographier des sites archéologiques menacés de destruction par les guerres comme à Palmyre. Des caméras 3D pour saisir les mouvements des derniers grands maitres du kungfu. De l’ADN pour conserver pour l’éternité les enregistrements numériques des concerts du Montreux Jazz Festival… Telles étaient parmi d’autres les thèmes de quelques-unes des présentations extraordinaires de technologies appliquées au monde de l’art et de la culture auxquelles ont pu assister une centaine de privilégiés lors du premier forum ArtTech qui s’est tenu il y a quelques jours au Rolex Learning Center de l’EPFL.
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Lancée par des personnalités de Crans-Montana comme le neuroscientifique Pierre Magistretti et son frère Philippe, qui dirige les remontées mécaniques de la station, ainsi que par le président émérite de l’EPFL Patrick Aebischer, la fondation ArtTech a pour ambition de faciliter les collaborations entre technologies et culture. Elle creuse ainsi le sillon ouvert par le campus Lausannois avec la création du Collège des Humanités Digitales et son projet de Venise Time Machine puis avec celle de l’ArtLab. La vision de Patrick Aebischer dans ce domaine est qu’après le commerce et peut-être aujourd’hui la santé dominée par les géants du big data américains et chinois, la culture est encore une base pour le développement de technologies et d’entreprises européennes. Ce qui n’empêche pas les collaborations internationales.
Les archives digitalisées du Montreux Jazz Festival
Convaincus que les nouvelles technologies sont de nature à contribuer aussi bien à la préservation et à la valorisation du patrimoine culturel qu’à la création artistique, les initiateurs de la fondation ArtTech sont ainsi à l’origine d’une collaboration entre la société de biologie de synthèse Twist Biosciences, Microsoft, l’Université de Washington, l’EPFL et la fondation Claude Nobs. Comme preuve de concept, deux morceaux (Smoke on the water de Deep Purple et Tutu de Miles Davis) issus des archives digitalisées du Montreux Jazz ont ainsi été encodées sous forme d’ADN synthétisé par Twist.
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Les séquences ACGT répliquent ainsi les séries numériques de 0 et de 1. L’avantage est que comme en témoigne l’ADN retrouvé dans des fossiles, l’information peut ainsi être stockée à très long terme avec très peu d’énergie et sur très peu d’espace. Dans le portrait que nous consacrons à Patrick Aebischer dans notre édition actuellement en kiosque, la CEO de Twist, Emily Leproust évoque «tout l’ADN dans une boite à chaussure». Un séquenceur d’ADN comme en utilise les labos de génomique décode ensuite l’information pour diffuser la musique sans la moindre perte. Cette première va permettre désormais de stocker sur de l’ADN une partie des archives «Memory of the World» de l’UNESCO.
Prochain forum en 2018
Après sélection par un jury comprenant des personnalités comme Peter Brabeck ou bien encore le directeur de Swissnex Christian Simm, huit start-up développant des technologies pour la culture se sont aussi présentées au public (voir la galerie ci-dessus). Et, ce dernier a choisi Smartify pour emporter le premier prix ArtTech. Actives aussi bien dans la musique que le spectacle vivant ou la réalité virtuelle, ces jeunes pousses suisses et internationales démontrent le potentiel de la culture comme champ d’application de l’innovation. La fondation ArtTech prévoit un prochain forum en 2018 pour présenter d’autres travaux spectaculaires dans ce secteur émergent et particulièrement propice pour la Suisse et l’Europe compte tenu de la profondeur et de la richesse de notre patrimoine culturel.
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