Anticiper l'habitat de demain
Confrontées à la multiplication des solutions connectées qui remodèlent l'habitat, entreprises traditionnelles de la construction et startups doivent apprendre à collaborer. La conférence BusinessIn de Fribourg va tenter d'établir un pont entre ces deux cultures

Ils ne partagent pas les mêmes habitudes de travail ni les mêmes connaissances, pas toujours la même approche de l’habitat, et sont pourtant amenés à développer ensemble des projets immobiliers et urbanistiques. La conférence organisée par BusinessIn , qui se tiendra à Fribourg le 30 octobre, mettra autour de la table PME traditionnelles du bâtiment, entreprises générales de construction, bureaux d'architectes, responsables d'organismes publics, centres de recherche dédiés au smart living avec des startups utilisant notamment les objets connectés et l’intelligence artificielle. Pour Suzanne Hraba Renevey, organisatrice, l’objectif est ambitieux : «Urbanisation, conception, construction, domotique, impact sociétal, l’idée est de couvrir l’ensemble de la chaîne. Et montrer que l'habitat intelligent va bien au-delà des seules solutions domotiques.»
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Au centre, l’expérience utilisateur
Dépasser la domotique, c’est également la vision de Maryline Andersen, co-fondatrice d’ Oculight Dynamics , l’une des startups qui viendront «pitcher» à l’occasion de la conférence. La société de consulting intègre les connaissances sur les conséquences psycho physiologiques de la lumière (santé, émotion, bien être) pour proposer un environnement lumineux adapté. «Typiquement du smart living, un habitat qui répond aux besoins» pour cette professeure et chercheuse, par ailleurs présidente de la commission scientifique du Smart living lab de Fribourg -fruit d’une collaboration de l’EPFL et de l’université de Fribourg sur l’habitat intelligent.
Dans la même philosophie, Wiktor Bourée, fondateur de la société Technis viendra présenter sa solution de sols techniques, équipés de capteurs, qui permettent d’évaluer les mouvements, décompter le passage, mais également identifier une chute. Une valeur ajoutée réelle en particulier pour les EMS selon l’entrepreneur: «Tout le monde parle d’internet des objets, d’Intelligence artificielle, mais il faut éviter l’écueil de la technologie gadget. Il y a beaucoup de réelles innovations, qui se mesurent au bénéfice retiré par l’utilisateur.»
Casser les silos
Face à la multiplicité des initiatives tech, certains acteurs relèvent la nécessité de plus de cohérence dans l’approche, comme Marc-Elian Begin, fondateur de SixSq , qui travaille sur le stockage et le traitement de l’information recueillie par les nombreux objets connectés. «Chaque intervenant travaille dans son coin et construit son petit îlot. Il y a une cacophonie de systèmes, qui se rajoute à la cacophonie de la construction.» Le projet NeighborHub mené par le Smart living lab de Fribourg a réussi à faire plancher les ingénieurs de tous bords et architectes dès le stade de la conception, une approche encore difficile à mettre en place selon Maryline Andersen: «La collaboration doit se faire le plus en amont possible, Ca fait des années que toute la recherche le démontre, mais c’est très difficile de sortir des schémas pré établis. C’est un domaine fragmenté ou chacun compte sur l’autre et évolue lentement.»
Les acteurs de la construction s’efforcent de réagir. Losinger Marazzi , qui participera à la conférence BusinessIn, définit la question du smart living comme «hautement stratégique». L’entreprise, active dans la construction et le développement immobilier, s’est impliquée très tôt dans le projet CityZen, qui cherche à imaginer et à façonner la smart city de demain. Benoît Demierre, le directeur général adjoint de Losinger Marazzi, met en avant trois enjeux clés: le changement dans la manière de travailler avec les partenaires et les collaborateurs, l’utilisation de la technologie pour concevoir et gérer les projets, mais également l’accompagnement d’un «changement de société.»
Vers un habitat remodelable
Pour Benoît Demierre, ce dernier enjeu est d’autant plus sensible, que les besoins risquent d’évoluer rapidement et que l’habitat doit être conçu en conséquence de manière adaptable: «Aujourd’hui, on fait déjà moins de parkings qu’il y a 10 ans. Mais, si demain des voitures autonomes viennent nous chercher et tournent dans la ville, alors il n’y en aura plus du tout besoin. Dans les universités, si la majorité des cours magistraux est en ligne, aucune nécessité d’amphis de 250 places. Il faut repenser les programmes traditionnels et imaginer dès aujourd’hui la reconversion de ces surfaces, avec des espaces flexibles pour évoluer avec un monde en mutation.»
Un point sur lequel Maryline Andersen du Smart living Lab rejoint Benoît Demierre : «L’école, la manière de soigner vont évoluer, les bâtiments devront suivre. Il faut réfléchir aux matériaux et concevoir des bâtiments simples, sobres, non déterministes, avec un squelette remodelable. Et cesser de construire pour un objectif circonscrit. Même en anticipant dans le temps, l’approche reste la même: revenir toujours aux besoins de l’occupant.»
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