
C’est l’événement archéologique de l’année en Italie. Et cela, même si le pays peut s’en autoriser plusieurs par an, vu son importance historique. Nous sommes à San Casciano dei Bagni, en Toscane. Une ville comme vous l’avez compris connue pour ses eaux thermales, et cela depuis le neuvième siècle avant notre ère. Si celles-ci semblent aujourd’hui paramédicales, il n’en allait pas tout à fait de même il y a deux mille ans. Les sources possédaient alors un caractère magique. La santé et le sacré ont souvent partie liée. Pensez à Lourdes et à ses miracles!
«C’est la plus importante découverte depuis celle des deux bronzes de Riace, il y a exactement cinquante ans dans la mer.»
Or donc des fouilles ont commencé en 2019 sur le site du Bagno Grande. Elles sont dirigées par l’étruscologue Jacopo Tabolli, de l’Université de Sienne. C’est tout récemment que ces opérations de prospection ont amené à une découverte sensationnelle. Il s’agit de la mise à jour au début octobre 2022 d’une vingtaine de statues en bronze «exceptionnellement conservées grâce à la boue des anciennes sources». Leur datation reste à préciser. Ces œuvres ont été exécutées quelque part entre le IIe siècle av. J.-C et les premières années de notre ère. Elles remontent par conséquent au moment où la civilisation étrusque se fond dans la nouvelle culture romaine. Il y a ainsi notamment là une figure d’Hygie, la déesse de la santé (celle qui a donné son nom à l’hygiène) et une autre d’Apollon, également invoqué à l’époque afin d’obtenir des guérisons. Il y a également une représentation proche du célèbre «Arringatore», découvert en 1566 près du lac de Trasimène (visible au musée archéologique de Florence). Un «classique» de la statuaire étrusque connu en français sous le nom de «L’orateur».

Il n’y a pas que les sculptures! La campagne a donné lieu à la trouvaille de nombreux ex-voto anatomiques proches de ceux qu’on voit aujourd’hui encore dans certaines églises et de pièces de monnaie. Il y en a là dans les cinq mille, en or, en argent ou en bronze. Des offrandes, bien sûr. Selon Jacopo Tabolli, le tout s’est vu immergé de manière rituelle, «probablement autour du Ier siècle ap. J.-C.» Les eaux ont conservé le tout en parfait état. «Ces conditions uniques ont permis la préservation d’inscriptions étrusques et latines gravées comportant les noms des familles donatrices et citant parfois même le site de Bagno Grande.» Il a fallu pour arriver à la découverte actuelle la présence de différents types d’archéologues agissant comme dans le bâtiment les corps de métier. Je citerai les architectes, les géologues ou les épigraphes.

Le tout fait de l’ensemble, selon l’enthousiaste Jacopo Tabolli, «la plus importante découverte depuis celle des deux bronzes de Riace, il y a exactement cinquante ans dans la mer.» Sur le plan esthétique, au vu des photos, je suis moyennement convaincu. Les bronzes grecs de Riace, qu’il faut aller voir à Reggio de Calabre (et c’est loin!) sont d’une qualité véritablement sublime. Sur celui de l’histoire, l’apport semble en revanche capital. Pour l’instant, les bronzes de San Casciano dei Bagni, qui semblent plus grossiers, se trouvent à Grossetto aux mains des restaurateurs. Mais un musée (un de plus en Italie!) devrait ensuite leur être consacré sur place. Le nouveau ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano s’y est formellement engagé. «Ce trésor sera une opportunité supplémentaire pour la croissance spirituelle de notre culture et pour la relance de territoires moins connus du tourisme international.»

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Archéologie – Vingt bronzes étrusques sortent des eaux thermales
Sensationnelle découverte à San Casciano dei Bagni en Toscane. Des bains alors jugés miraculeux ont révélé un trésor insoupçonné.