C’est l’argument numéro 1 pour le choix d’hommes et de femmes dans les conférences: «on n’a pas trouvé une femme conférencière de qualité», alors même que des initiatives comme «les expertes» répondent à cette problématique».
Ma réponse? On ne les trouve pas si on ne sait pas les chercher.
Parce que les femmes entrepreneurs ou conférencières ont parfois de la difficulté à se mettre en avant et à réseauter activement. Parce que des hommes organisateurs de conférence ont parfois naturellement dans leurs réseaux et connaissances plus d’hommes que de femmes.
Savez-vous par exemple que seulement 2,3% des pièces qui font partie des programmations de musique classique ont été composées par des femmes? (1)
Silvina Peruglia, lauréate de l’incubateur -Pulse à Genève avait pris ce problème à bras-le-corps avec son projet Ensemble Rupture 1 en montrant que des pièces de qualité existaient et peinaient à être reconnues dans l’univers musical.
Ainsi, des initiatives qui visent à valoriser des projets de qualité initiés par des femmes ont dans ce cadre une vraie valeur d’exemple. Montrer que cela existe. Que ces projets ont (parfois) une nature différente et en cela complémentaire. Qu’ils apportent une vraie plus-value.
En novembre, les Éditions Jouvence sortent un ouvrage de Caroline Lesire et Alexandra Ughetto, «Donne moi des elles» (2) , qui célèbre l’héritage de femmes passionnantes que l’Histoire a trop souvent effacées.
Chaque mois, des personnalités (hommes et femmes) présentent sur le podcast éponyme deux femmes qui ont marqué son histoire, les ont inspirés.
Ainsi Frédéric Lenoir nous fait découvrir la sainte Mâ Ananda Moyî et la philosophe Etty Hillesum tandis que Florence Servan-Schreiber Simone de Beauvoir et Virginie Despentes.
J’ai interrogé à cette occasion les autrices sur leur vision du matrimoine ou «héritage culturel issu des femmes et notamment des créatrices» et l’importance de le valoriser.
Un mot de la fin?
Le matrimoine est un mot que peu de gens connaissent alors qu’il existe depuis le XIIe siècle. On pourrait dire que c’est le pendant féminin du patrimoine, concept qui est censé désigner l’héritage culturel de l’humanité mais qui est presque entièrement dédié à ce qu’ont produit, construit, découvert et écrit les hommes. Nous souhaitons défendre et mettre en lumière ce qu’il représente: ce que toutes les femmes qui nous ont précédées et qui nous entourent ont à nous transmettre.
Oui, absolument. À notre manière, nous tentons de conjuguer le rationnel et le sensible dans notre propos, de parler au cœur comme à l’intellect des personnes qui nous suivent. Mais cette sensibilité, nous rêvons qu’elle ne soit plus uniquement associée au féminin! Tout le monde peut se relier à sa sensibilité, sans avoir à se conformer à une injonction liée au genre, et, surtout, sans avoir à se justifier. Nous sommes convaincues que le monde changera beaucoup si nous laissons toutes et tous s’exprimer notre part sensible.
Il nous semble qu’il n’y a pas une seule manière d’être féministe, et heureusement! Toutes et tous, nous pouvons à notre manière dessiner un monde plus juste où les rapports de domination entre hommes et femmes n’ont plus leur place. Notre manière d’être féministe, c’est de nous relier avec gratitude à toutes celles qui ont tracé des voies, qui ont transformé leurs disciplines, comme, par exemple l’histoire et la sociologie. Mais nous sommes aussi ferventes d’un féminisme de l’émancipation intérieure, celui qui nous permet, en nous offrant de nouvelles sources d’inspiration au féminin, d’oser déployer nos ailes sans entraves et de mener des existences plus libres.
Soyez des nôtres dans cette aventure. On a besoin de vous! Quelles sont vos héroïnes, quelles sont les femmes, connues ou pas, qui vous inspirent? Ensemble, ouvrons notre regard pour un monde plus équilibré où tous les possibles nous sont accessibles.
(1)- https://silvinaperuglia.com/fr/projets/
(2)- https://www.donnemoideselles.com/

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Parité – Valoriser le matrimoine pour trouver des role models
À la question «y a-t-il assez de femmes présentes dans l’économie?» j’entends souvent la réponse «on en cherche, on n’en trouve pas». Caroline Lesire et Alexandra Ughetto, auteures du livre «Donne moi des elles», nous donnent leur avis sur le sujet.