La Suisse est à l’aube d’une révolution pour ses quelque 600’000 PME. En posant une base légale claire en matière d’actifs numériques, le pays a ouvert une nouvelle ère du financement des entreprises.
Du restaurant au groupe industriel familial, chaque société anonyme peut désormais tokeniser tout ou partie de son capital, sous forme de jetons. Facilement négociables, émis à moindres coûts, ces titres numériques inscrits sur la blockchain confèrent à leurs détenteurs le statut légal d’actionnaire et tous les droits et bénéfices afférents.
Plusieurs entrepreneurs romands précurseurs ont déjà ouvert la voie à la tokenisation. D’autres arrivent. L’appétence pour ce processus est forte, surtout auprès de la nouvelle génération, qui envisage dès la création de la société d’ouvrir le capital aux parties prenantes. La tokenisation répond à une tendance de fond, où la vision à long terme et les intérêts de l’entreprise et de ses collaborateurs, clients et fournisseurs se rejoignent.
L’exceptionnel cadre juridique suisse, allié à la technologie, promet de démocratiser le private equity, avec des tickets d’entrée abordables pour les investisseurs particuliers. De bon augure pour le tissu économique. Car si la Suisse est un incubateur incroyablement efficace pour lancer de nouvelles entreprises innovantes, l’accès au capital nécessaire à leur croissance reste trop souvent un chemin du combattant. L’émergence de marchés secondaires régulés, dédiés aux actifs numériques, promet d’ouvrir cet immense univers, jusqu’ici sous-investi car difficile d’accès.
Les conditions propices à l’innovation et la sécurité juridique créées par les autorités ont permis l’émergence d’un écosystème suisse extrêmement dynamique en matière de blockchain. Une force d’attraction pour le pays. À ce jour, environ 20% des banques du pays proposent au négoce des actifs numériques, contre 1% dans le monde. Et ce marché double chaque année. Mais les grandes places financières accélèrent. À la Suisse de poursuivre l’amélioration de ses conditions-cadres pour rester aux avant-postes.

Julien de Weck est journaliste, rédacteur en chef du magazine Bilan. Passé par la banque et la photographie, le print et les Internets. Histoires(s), défis d'aujourd'hui et solutions de demain.
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L’éditorial – Une nouvelle ère du financement des PME