
La scène représentée est tirée de «L’Iliade» d’Homère. Il y a quelque part Achille et Hector. Leurs corps sont composés de milliers de tesselles. Nous sommes en présence d’une mosaïque de très grande taille. Sept mètres sur onze, ce n’est pas rien. L’œuvre, qui remonte à la fin du IIIe siècle au au début du IVe, vient de sortir de terre dans le comté de Rutland, situé au milieu des Midlands britanniques. Pour John Thomas, de l’Université de Leicester, il s’agit de l’une des plus émouvantes découvertes effectuées sur (ou plutôt sous) le sol anglais depuis un siècle. «La villa où l’œuvre se trouvait illustre la culture classique qui se maintenait à l’époque dans l’île chez certaines personnes riches et cultivées.» Le reflux définitif n’allait pas tarder. Difficilement conquise, la Bretagne insulaire, protégée des actuels Ecossais par le Mur d’Hadrien (dont une grande partie subsiste), ne tenait plus que par un fil au monde romain…
«J’ai vu, en agrandissant fortement les images satellites, une sorte de vide blanc, comme si quelqu’un avait posé derrière mon écran d’ordinateur un morceau de plâtre.»
Mais peut-être faudrait-il commencer par le début. Nous sommes dans un grand domaine agricole, qui appartient à Brian Naylor. Son fils Jim Irvine avait déjà découvert des fragments de poteries antiques dans les champs labourés. Ce dernier est ainsi tombé en 2020 sur un morceau de la mosaïque. Intéressé, il a commencé par regarder au plus près les images satellites. «J’ai vu, en agrandissant fortement, une sorte de vide blanc, comme si quelqu’un avait posé derrière mon écran d’ordinateur un morceau de plâtre.» Il devait y avoir quelque chose de dur sous la terre meuble. Jim Irvine a immédiatement averti les archéologues. Ces derniers ont obtenu un financement d’urgence. Il leur a permis d’envoyer une petite équipe sur place courant 2020. C’est alors que la mosaïque à été mise au jour. Cette année, d’autres fouilleurs sont intervenus. Il s’agit des enseignants et étudiants de la School of Archeology de l’Université de Leicester, qui pouvaient ainsi procéder à des exercices pratiques.
Toute une villa à explorer
La mosaïque n’est hélas plus en bon état. Elle a été endommagée au cours du temps par divers travaux de construction. Elle porte aussi les traces d’un incendie. Tout cela reste bien sûr à étudier. Mais il ne faut pas oublier qu’une telle œuvre faisait partie d’un important complexe restant presque entièrement à explorer. On en saura davantage dans quelques années, l’occupation du site semblant avoir été assez longue. De nouvelles fouilles sont déjà annoncées pour 2022. Il y a sans doute eu une tardive réutilisation des lieux, sous une autre forme, au haut Moyen Age. Pour ce qui est de la mosaïque elle-même, les archéologues espèrent maintenant un financement du Lottery Heritage Fund, comme l’explique Maev Kennedy dans son article de «The Art Newspaper». Celui-ci permettrait une restauration et par la suite une exposition. Une affaire à suivre…
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Archéologie classique – Une gigantesque mosaïque homérique sort du sol anglais
Elle a été trouvée par le fils du propriétaire d’une exploitation agricole. Tardive, l’œuvre illustre la permanence de la culture classique à la fin de l’Empire.