
Le 15 mai prochain, la Suisse est appelée à se prononcer sur sa participation au développement de Frontex. Frontex, c’est l’agence européenne chargée de défendre les frontières extérieures de l’espace Schengen, auquel la Suisse est associée. La mission de Frontex comprend la coordination des gardes-frontière des États membres, la mise à disposition de matériel et de personnel, mais aussi l’opération de contrôles de sécurité ou de sauvetage. Cependant, les moyens dont dispose Frontex pour mener ses opérations s’avèrent insuffisants, raison pour laquelle l’Union européenne (UE) a décidé de les augmenter. En tant qu’État associé, la Suisse contribue à cette augmentation.
Frais énormes en vue
Premièrement, le secteur du tourisme dépend de l’association de la Suisse dans Schengen. Grâce à la libre circulation des personnes et au régime de visa européen, un visiteur d’un autre continent peut par exemple aisément venir séjourner en Suisse avant de se rendre en Italie. Les voyageurs en provenance de Chine, des États-Unis ou des pays du Golfe dépensent en moyenne entre 310 et 420 francs par personne et par jour dans notre pays. De tels séjours créent une valeur brute de 1,1 milliard de francs annuels et maintiennent 162’000 emplois. Schengen est donc crucial pour notre tourisme.
Par ailleurs, la libre circulation et l’ouverture des frontières profitent également à nos entreprises qui, dans les régions frontalières, ont besoin des travailleurs pendulaires habitant dans les pays voisins. La fermeture des frontières durant la pandémie a montré les difficultés liées à la main-d’œuvre, à l’exemple des hôpitaux des cantons de Genève, Vaud, Jura ou Neuchâtel dont une grande partie du personnel habite en France voisine (60% pour les HUG, par exemple). Sans Schengen, il faudrait aussi réaliser des investissements massifs pour les infrastructures, à l’exemple des aéroports: de 65 à 125 millions de francs seraient nécessaires, rien que pour réorganiser les terminaux de l’aéroport de Zurich en vue de contrôles douaniers systématiques. Schengen est donc crucial pour notre sécurité et notre prospérité.
«Le financement demandé […] est un petit investissement par rapport aux retombées positives pour notre économie, notre sécurité et comparé aux investissements qui seraient nécessaires pour gérer seuls nos frontières.»
Enfin, l’Accord de Dublin, qui règle les demandes d’asile au niveau européen, et qui est lié à Schengen, permet la gestion de l’arrivée des requérants entre les États membres. Sans Schengen-Dublin, les demandeurs d’asile refoulés par les États européens pourraient déposer une deuxième demande en Suisse, ce qui est impossible actuellement. La Suisse verrait alors une augmentation drastique du nombre de demandes et cela aurait forcément des coûts: elle devrait investir entre 350 millions et 1,332 milliard par an pour des structures d’accueil, du personnel formé, etc. Schengen-Dublin est donc crucial pour une gestion coordonnée de l’asile.
En résumé, le financement demandé pour le développement de Frontex est un petit investissement par rapport aux retombées positives pour notre économie, notre sécurité et comparé aux investissements qui seraient nécessaires pour gérer seuls nos frontières; une option qui paraît irréaliste tant notre économie est liée à celle de nos voisins et de l’UE. Au vu de ces arguments, j’invite chacun à voter OUI à Frontex-Schengen le 15 mai; c’est crucial pour notre sécurité et notre prospérité.
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Schengen-Frontex – Un vote crucial pour notre sécurité et notre prospérité
En participant à la sécurisation des frontières européennes, la Suisse ne fait pas que payer pour les autres, selon le conseiller national PLR neuchâtelois. Elle renforce du même coup, et de manière importante, ses propres intérêts.