Dans le monde de l’entreprise, difficile de trouver des détracteurs au travail à temps partiel. Tout du moins ouvertement. Ce n’est pas dans l’air du temps. Chez les employeurs modernes, le discours est entendu: la pratique participe au bien-être des collaborateurs, et le meilleur équilibre boulot-vie privée encourage les recrutements et la fidélité des talents. Tout simplement.
Face à ce flot de pensées positives, pas simple de jouer les rabat-joie. Surtout quand celui qui écrit ces quelques lignes ne renoncerait pas à son 90%. Mais ouvrons le débat: le temps partiel est-il traité avec trop de légèreté?
«Rien ne prouve que le temps partiel est fondamentalement synonyme de bien-être.»
Premier constat, avec 37% des personnes actives à temps partiel en 2021, nous sommes aujourd’hui très loin de l’épiphénomène. Sachant que la barre des 100’000 postes vacants a été franchie pour la première fois en Suisse cette année, l’équation prend des allures de casse-tête et l’encouragement à la hausse du taux d’activité s’impose comme un sujet d’avenir. L’économie suisse n’y coupera pas, elle devra trouver des solutions au départ de ses baby-boomers.
Deuxième constat, rien ne prouve que le temps partiel est fondamentalement synonyme de bien-être. Alors que les arrêts de travail se multiplient en Suisse – selon le Job Stress Index 2022 – il convient de mettre en évidence le lien entre burn-out et difficulté à remplir sa tâche au quotidien. Un taux d’activité réduit peut être propice aux débordements.
Troisième constat, enfin, au lendemain du vote sur l’AVS et alors que s’ouvre la bataille du 2e pilier, l’employé à temps partiel n’a pas assez conscience de l’impact – conséquent – de ses choix sur sa retraite. La mise en place d’une communication claire dans les entreprises doit permettre d’accompagner le collaborateur dans ses décisions.
Le temps partiel est une véritable question de société. Elle ne peut se résumer à l’équilibre travail-vie privée. Elle est à la fois micro et macro. Elle touche à notre quotidien comme à notre avenir. Les trois exemples cités sont là pour le rappeler. J’aurais pu, pêle-mêle, ajouter à la liste l’impact de l’activité réduite sur les inégalités homme-femme, ou l’épineux problème de la (dé)considération du travail. Mais voilà, je suis à 90% et mon bébé pleure à côté de moi. Et le concept de temps partiel, il ne connaît pas.

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L’éditorial – Temps partiel, le danger de la légèreté