Exprimer ce que vous savez faire, ce que vous pouvez apporter, c’est pourtant cela qui vous est demandé lors d’un processus de recrutement. Que ce soit au travers du dossier de candidature, ou lors d’entretiens, l’employeur souhaite connaître votre plus-value. Il souhaite découvrir la valeur que vous allez lui apporter.
Le terme «se vendre», il peut faire peur
«Je ne suis pas à l’aise lorsqu’il s’agit de parler de moi» : une retenue souvent exprimée par les candidat.e.s. Et ça me questionne. Le fait de parler de soi: est-ce perçu par les candidat.e.s en question comme un acte autocentré, qui manque d’humilité? Une attitude égocentrique?
Par ailleurs, si j’en crois mon expérience, cette réserve semble s’exprimer davantage chez les candidates.
Est-ce dû à la posture - encore - davantage ancrée chez les femmes, d’être tournées vers autrui (les compétences d’écoute, le soin apporté aux relations, etc.), d’où la difficulté à tourner le discours vers soi?*
Est-ce dû à un manque de confiance, pour celles qui sont encore majoritairement éduquées à rester sages, modestes et discrètes (quand les garçons sont poussés à l’audace et à l’affirmation) ?**
Ou serait-ce parce que «se vendre» est perçu par les candidat.e.s comme manquant de naturel, étant dénué d’authenticité? Comme si cela était associé à de la «survente», à un mensonge.
Serait-ce un parallèle avec l’expérience de vente parfois vécue dans d’autres contextes, qui peut renvoyer à un discours trompeur, une réalité transformée, une démarche pas complètement honnête…?
En tant que recruteuse, je me demande: pourquoi?
Lorsque je suis confrontée, en tant que recruteuse, à des candidat.e.s ayant des difficultés à se vendre ou ne semblant pas être conscient.e.s de leur potentiel, je me demande: pourquoi?
Pourquoi - cette personne qui a pourtant le meilleur dossier pour ce poste, est la moins confiante en entretien?
Son profil correspond en grande partie aux attentes, elle semble être un super match. Eh bien elle ne semble pas en être autant convaincue que moi. Elle peine à me parler de son expérience (pertinente), de ses compétences (sans doute déjà nombreuses). Cette candidate aurait de quoi être confiante – et pourtant.
Pourquoi cette personne que je contacte afin de lui annoncer la bonne nouvelle est si étonnée d’être engagée? Elle avait pourtant déjà l’un des meilleurs dossiers, elle sortait du lot dès la lecture de sa candidature. Elle a ensuite fait très bonne impression en entretien. Ça match. Eh bien elle est surprise d’avoir cette «chance», et qu’il n’y ait pas eu «meilleur.e» qu’elle.
Mais de ma perspective, ce n’est pas de la chance, en fait. C’est grâce à la personne qu’elle est, grâce à ce qu’elle a accompli jusque-là. Le mérite lui revient.
Et si vous transformiez votre perception?
Et si vous vous affranchissiez des connotations que vous associez au terme «se vendre», pour percevoir différemment le fait de mettre en valeur vos compétences?
Pour que l’employeur sache qui vous êtes, pas de miracle: il faut que vous lui donniez des éléments pour construire la perception qu’il a de vous. Ce que vous n’exprimez pas, un employeur ne le saura pas. Et dans le pire des cas, il l’interprétera de manière erronée. Alors l’entretien, c’est vraiment un moment adéquat pour parler de vous et mettre en avant vos compétences.
Mobiliser des exemples concrets et illustrer vos propos peut vous permettre d’être plus à l’aise avec l’exercice. Vous pouvez le faire par exemple en répondant à une question d’entretien grâce à la méthode STAR (Situation-Tâche-Action-Résultat). Ça aide à ancrer vos affirmations et donne plus de poids à votre discours. Ça rassure l’employeur – et vous par la même occasion, si vous doutiez encore de votre légitimité.
«No one is you, and that is your power»
L’objectif en entretien n’est pas de maquiller qui vous êtes, de vous éloigner de votre personne. «Se vendre», ça ne signifie pas mentir. Un employeur apprécie d’ailleurs lorsque vous avez le recul nécessaire pour également évoquer les difficultés auxquelles vous avez été confronté.e.s.
Mais il est important que vous puissiez enchaîner sur la manière dont vous avez rebondi, sur ce que cela vous a enseigné. Ce que vous feriez différemment, mieux. Vous pouvez être ouvert.e sur ces points, tout en restant constructif.ve et en faisant preuve de confiance en vous lorsque vous vous exprimez.
Ce qui vous est demandé, c’est de mettre des mots sur qui vous êtes, et sur ce que vous savez faire. Et ça n’a rien d’égocentrique. Cherchez des formulations avec lesquelles vous êtes à l’aise – mais qui vous valorisent. Utilisez par exemple des verbes d’actions, une formule active plutôt que passive. Entraînez-vous, positionnez-vous clairement et apprenez à croire en vos compétences.
Vous êtes une combinaison unique: votre personnalité, vos soft skills, votre bagage de compétences et connaissances acquises, ce qui vous fait vibrer, et là où vous souhaitez aller.
Faites rayonner cette combinaison unique qui vous définit!
Références:
*Vinsonneau, G. (1997). L’identité des Françaises face au sexe masculin: perspectives cognitives et expérimentales. Paris, Montréal, l’Harmattan.
**Donzel, M. (2020, 19 février). En débat: les femmes ont-elles moins «confiance en soi» que les hommes? Programme Eve. Consulté en ligne le 20.11.2022.

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Recherche d’emploi – «Se vendre», ça peut faire peur. Et pourtant…
«Mon problème, c’est que j’ai du mal à me vendre». Pas tout le monde n’est à l’aise avec l’exercice de recherche d’emploi, notamment lorsqu’il est question de parler de ses compétences et de ses forces.