
Attention, poids lourds! Le fauteuil pèse dans les deux cents kilos, la table basse autour de trois cent et il faut compter près d’une demi-tonne pour le canapé. Ce mobilier de 2022 est signé par Ron Arad, dont il constitue l’une des dernières créations. Il se trouve pour quelques jours à la galerie Opéra de Genève, située place Longemalle. On ne sait plus trop s’il s’agit encore de «design» ou déjà de beaux-arts. Ce qui est sûr, c’est que ces pièces de l’Israélien, aujourd’hui âgé de 72 ans, font partie de ses œuvres à tout petit tirage. Cinq exemplaires pour le canapé «Tuba» comme pour les fauteuils «Little Albert»ou «Big Easy». Prix en conséquence. Nous ne sommes pas ici dans les grandes éditions que l’homme conçoit pour Vitra, Kartell, Cassina ou Alassi!
Un style identifiable
Je suppose que vous connaissez tous Ron Arad, qui a beaucoup fait parler de lui depuis l’ouverture de son studio à Tel-Aviv en 1981. Il appartient aux stars du métier, avec un style aisément identifiable. Egalement architecte, le designer imagine ainsi des meubles monumentaux qu’il décline ensuite dans différentes matières. Ceux-ci sont en crystalline, une matière tenant du verre pour ce qui tient des renvois de lumière et de la résine pour ce qui est de l’aspect général. Chaque pièce se révèle du coup différente, en plus des couleurs qui changent à chaque fois. Notons tout de même que celles de l’étagère «Don’t Ya Tell Henri Matisse» sont fixes. Elles reprennent scrupuleusement les tons d’un collage réalisé par le peintre à la fin de sa vie.

Conçu pour Opéra Gallery, qui va encore ouvrir une succursale à Madrid, l’ensemble apparaît donc très coloré. Très cohérent aussi, ce qu’il ne restera plus après la dispersion de l’ensemble. Pour tout dire, chacune de ses composantes me fait penser à un énorme bonbon acidulé au goût de fruit synthétique. On a envie de lécher. C’est très artificiel et un brin tapageur. Il faut dire que ces choses s’adressent à une riche clientèle disposant de beaucoup de place et de solides planchers. Il semblerait que la crystalline supporte aussi les longs séjours (on ne déplace pas trois cents kilos tous les jours!) au jardin. Comment dire? L’œuvre devient alors un signe extérieur de richesse…
P.-S. Le carton pour le vernissage du 9 mars «en présence de l’artiste» a été considéré comme peu écologique par certain.e.s. Il s’agit d’une plaque de plastique transparent, qui serait non réutilisable. Elle me semble pourtant idéale pour poser une tasse de café sur mon bureau.
Pratique
«Ron Arad», Opera Gallery 10-12, place Longemalle, Genève, jusqu’au 31 mars. Tél. 022 318 57 70, site www.operagallery.com Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h.
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Galerie genevoise – Ron Arad vous tend ses bras de fauteuil chez Opéra
Le designer israélien propose des sièges de crystalline pesant entre 200 et 400 kilos. Il s’agit en fait d’œuvres d’art tirées en cinq exemplaires.