
C’est tout petit! L’exposition teindrait presque dans une mallette. Comme cela, au moins, pas besoin de ces transporteurs internationaux qui commencent à pourrir la vie (et les finances) des galeristes. L’acte n’a cependant ici rien de prémédité. C’est fin 2019 que Robert Devriendt a commencé à exécuter cette suite de tableaux lilliputiens. La dimension d’une carte postale. Un format correspondant du reste pour lui à de vieilles habitudes. Nous sommes face à un miniaturiste.
Deux ans de production
A 67 ans, l’artiste belge d’expression flamande (mais il parle un peu le français) arrive enfin en Suisse à la suite non pas d’une fusion, mais d’un accord commercial. Ce poulain de Baronian se retrouve chez Xippas, qui nous a habitués à des créations nettement plus monumentales. L’espace genevois de cette maison à succursales multiples présente ainsi dans une seule salle deux années de sa production. Soit en tout sept œuvres, puisque chacune d’elles se décompose comme une séquence cinématographique. Ces polyptyques comportent trois, quatre, voire cinq toiles qui nous racontent des histoires. Xippas les présente au mur, rue des Sablons sous forme de bandeaux ou de «strip». L’ensemble s’intitule du reste «The Missing Script 4. Exit Highway».

La forme se veut réaliste. Hyperréaliste, même. Nous sommes, comme dans les Pays-Bas du «Siècle d’or» (lisez le XVIIe) dans le domaine de la «peinture fine». La chose signifie un travail précis, méticuleux et surtout lent. Il y a sur chacun de ces tableautins des milliers de coups de pinceau, que Robert Devriendt rend soigneusement invisibles. Ils forment à la longue des couches et des couches, dont chacune doit sécher avant que l’artiste puisse revenir sur son motif. Un travail de patience qui étonne à une époque où tout doit aller très vite. C’est vrai! La peinture est devenue en général un peu comme du café instantané. Un geste suffit pour que tout soit prêt. Faites vite et servez chaud.
Interprétation libre
Quelles histoires nous livre au fait Robert Devriendt? Pas facile de le dire. Ce natif de Bruges s’adresse à l’imaginaire, qui n’est pas le même chez tous les regardeurs. Autant dire que le spectateur se voit prié de construire son propre récit, par définition lacunaire. Après tout, comme l’annonce le titre de l’exposition, le «script» est porté manquant! Et cette liberté d’interprétation fait après tout partie du plaisir.
Pratique
«Robert Devriendt, The Missing Script 4, Exit Highway», galerie Xippas, 6, rue des Sablons. Genève, jusqu’au 7 mai. Tél. 022 321 94 14, site www.xippas.com Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h30, le samedi de 10h à 17h.
Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la "Tribune de Genève", en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.
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Galerie genevoise – Robert Devriendt raconte des histoires chez Xippas
Le peintre belge crée des toiles minuscules, qui se voient regroupées en polyptyques. Un travail à l’huile sur toile d’une extrême méticulosité.