
Que voir cette année à l’étranger, à condition bien sûr que les avions volent, que les trains ne soient pas en grève et que les routes ne se révèlent pas trop bouchonnées? La plupart des revues d’art ont fait leurs choix, qui ne coïncident Dieu merci pas toujours. Je vais aujourd’hui vous en proposer un «mix». Certaines des manifestations signalées ont déjà commencé. D’autres se déplacent, elles aussi. Il y a enfin celles pour lesquelles il faudra prendre patience. L’automne reste tout de même encore loin, même si certains billets se vendent de plus en plus à l’avance. Pour le détail, je vous renvoie aux sites des différentes institutions concernées.
Amsterdam
C’est à ce qui paraît l’exposition de l’année, voire pendant qu’on y est celle «du siècle». Le Rijksmuseum propose son Vermeer de manière un peu sèche. Vingt-huit tableaux en tout, soit environ trois par salle. Plus un seul ticket de libre jusqu’à la clôture le 4 juin! Il y avait pourtant déjà eu sur le même sujet l’exposition, fort mal organisée, du Louvre en 2017.
Arles
Les Rencontres» de la photographie auront lieu pour la cinquante-quatrième fois du 3 juillet au 24 septembre. Pour le moment, nous restons dans le bleu. Aucun programme détaillé n’a été annoncé. Il faut espérer que la manifestation, aujourd’hui dirigée par Christoph Wiesner, remonte un peu la pente. Les dernières éditions ont en général déçu, en dépit de quelques éclairs épars.

Berlin
Cela ne s’était jamais fait. Du 31 mars au 16 juillet, la Gemäldegalerie réunira douze des quatorze tableaux conservés d’Hugo van der Goes (vers 1440-1482/3). Plus deux dessins. Manquera sans doute l’énorme triptyque Portinari des Offices. Une soixantaine d’œuvres de la même époque compléteront l’accrochage. Certaines d’entre elles reprennent des compositions perdues de l’artiste.
Cortone
Ravissante petite ville perchée au-dessus des côtes toscanes, Cortone est la cité natale de Luca Signorelli, mort en 1523. Un artiste célèbre en son temps, dont l’œuvre est aujourd’hui très dispersé. Le Museo dell’Accademia Etrusca e della Città proposera du 23 juin au 8 octobre une grande rétrospective du maître organisée par Tom Henry, assortie d’un parcours à travers la ville.

Ferrare
Remis à flot, si ce n’est à neuf, le splendide Palazzo dei Diamanti accueille depuis quelques jours son hommage à Ercole da Roberti et Lorenzo Costa. Ces deux peintres ferrarais à l’inspiration assez étrange de la fin du XVe siècle ont travaillé pour la cour ducale des Este. Il s’agit à mon avis de la première rétrospective consacrée aux deux artistes. Elle dure jusqu’au 18 juin.

Londres
Ce sera le ruissellement d’or et d’argent. Le sujet l’impose, même s’il s’agit d’archéologie. Le British Museum va proposer du 4 mai au 13 août Luxe et pouvoir, De la Perse à la Grèce. Il s’agira de montrer comment un pays au départ plutôt frugal et démocratique s’est laissé gagner par les richesses orientales. L’exposition poussera jusqu’à Alexandre le Grand et ses successeurs.
De quelle manière la Diva devient-elle une image iconique, influençant à la fois ses rivales et ses admiratrices? Le Victoria & Albert Museum va se poser la question dans une exposition de longue haleine puisqu’elle restera visible du 24 juin au 7 avril 2024. Se verront passés en revue l’opéra, bien sûr (Maria Callas fait l’affiche), mais aussi le cinéma, la scène et l’actuelle musique pop.

On l’a vue en majesté au Palazzo Strozzi de Florence. Marina Abramovic sera du 23 septembre au 10 décembre dans les salles de la Royal Academy of Arts. Il s’agira à nouveau d’illustrer un demi-siècle de performances, en général extrêmes, devenues aujourd’hui «historiques». L’intéressée ne sera physiquement présente que grâce à des conférences et quelques événements ponctuels.
Il n’y avait plus eu de grandes noubas autour de Frans Hals (1582-1666) depuis celle organisée dans «son» musée de Haarlem il y a une trentaine d’années. La National Gallery, où la chose se déroulera du 30 septembre au 21 janvier 2024, s’est associée logiquement au Rijksmuseum d’Amsterdam. Voilà qui nous promet une imposante galerie de portraits réalisés avec une fougue étourdissante!
Madrid
Mort en 1642 à 67 ans, le Bolonais Guido Reni n’avait plus été à l’honneur depuis bien trois décennies. Il a fallu que le Städel de Francfort, où l’exposition vient de se terminer, s’associe au Prado pour que la chose redevienne possible. Du 28 mars au 7 juillet, le grand musée madrilène accueillera donc une centaine d’œuvres, entretenant si possible des liens avec l’Espagne.

Paris
Elle a eu beaucoup de succès de son vivant. Morte en 1959 à Montpellier, où le Musée Fabre reprendra l’actuelle rétrospective cet été, Germaine Richier a ensuite connu une incompréhensible éclipse. Remise en selle par la vague féministe, la sculptrice occupe le bel étage du Centre Pompidou jusqu’au 12 juin avec environ 200 pièces: bronze, gravures et dessins.
On étudie quelques périodes créatrices seulement de certains artistes. Pour réparer ce genre de lacunes, l’Orangerie propose jusqu’au 29 mai Matisse, Cahiers d’art, le tournant des années 30 en partant de la revue critique créée par Christian Zervos en 1926. Plusieurs œuvres clefs de cette décennie ont traversé l’Atlantique à l’occasion de cet accrochage au caractère plutôt intime.

Le Musée Jacquemart-André a ouvert il y a quelques jours son florilège d’œuvres de Giovanni Bellini (vers 1435-1516). Il s’agit pour le Vénitien d’une première française. L’exposition, prévue jusqu’au 17 juillet, réunit une cinquantaine d’œuvres venues d’un peu partout. C’est un peu le pendant du récent Botticelli d’un musée tourné par définition vers l’Italie de la Renaissance.
Le Musée d’Orsay va organiser un duel Manet/Degas au 28 mars au 23 juillet. Ce sera là une «joint-venture» avec le Metropolitan Museum de New York, où l’ensemble se verra présenté ensuite. Il faut s’attendre à beaucoup de chefs-d’œuvre et peu de surprises. C’est ce qu’on appelle un «block buster» commercial. Et moi qui croyais qu’on renonçait à faire sans arrêt voyager des tableaux!

Mise en abyme? La Monnaie, qui avait cessé sa politique de grandes expositions, les reprendra du 30 mars au 24 septembre avec L’argent dans l’art sur une idée de Jean-Michel Bouhours. Vingt siècles. Deux cents œuvres. Un parcours ponctué d’artistes célèbres, dont Degas et Warhol. Des salles voulues thématiques, avec notamment un sujet d’actualité: «l’argent exhibitionniste».
Le MAD parisien avait démonté «La mécanique des dessous» et montré «Tenue correcte exigée». Du 5 avril au 17 septembre, sa nouvelle exposition thématique autour de l’apparence portera sur Des cheveux et des poils. Quelque six cents œuvres se verront réunies. Elles conduiront le public du XVe siècle à nos jours, avec une emphase sur la création contemporaine. On se réjouit!

Autre duo, la Fondation Vuitton montera du 5 avril au 28 août Basquiat x Warhol. On sait que les deux Américains, de générations différentes, ont travaillé à quatre mains. Sont attendus trois cents œuvres et documents des années 1980. L’exposition entend par ailleurs documenter la scène new-yorkaise de l’époque. Là aussi, le public devrait se ruer après avoir acheté son billet en ligne…
Pérouse
Pietro Vanucci, dit Le Pérugin, est mort en 1523. Un demi-millénaire, ça se fête! La Galleria Nazionale dell’Umbria consacre donc un nouvel hommage à Il meglio maestro d’Italia jusqu’au 11 juin. Difficile d’accès par les transports publics, la ville ombrienne est absolument magnifique. On espère que le commissaire Marco Pierini a choisi le meilleur d’un créateur par trop prolifique.

Venise
Comme je vous l’ai déjà dit, La Biennale d’architecture se profile du 20 mai au 26 novembre dans les Giardini, à l’Arsenale et un peu partout en ville. C’est Lesley Lokko, établie au Ghana, qui dirigera Il laboratorio del futuro. Une moitié environ des participants viendra d’Afrique, un continent qui s’urbanise à toute vitesse. L’ensemble des contributions devrait tenir du workshop.
L’exposition a déjà été annoncée plusieurs fois. Celle-ci semble la bonne. Du 18 mars au 18 jui, le Palazzo Ducale proposera son Vittore Carpaccio, monté par un «pool» de spécialistes. Il s’agit d’une coproduction avec Washington. Le parcours proposera quarante-cinq tableaux et une série de dessins. Il faudra la compléter par une visite à l’Accademia, dans des églises et les «scuole».

Vienne
L’Albertina n’est depuis plus longtemps le lieu d’arts graphiques destiné aux seuls spécialistes. Il se veut aujourd’hui «grand public». Après avoir présenté des dessins de Raphaël, il va ainsi mettre en scène Michel-Ange et ses conséquences du 15 septembre au 7 janvier 2024. C’est la présentation décennale de ses feuilles du maître, glissée parmi celles de ses disciples parfois très lointains.
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Expositions internationales – Que voir en 2023, de Venise à Amsterdam et Vienne?
Voici une vingtaine de propositions. Certaines manifestations ont commencé. D’autres prendront leur envol cet automne.