Covid et tourismeQuarantaine, pas quarantaine: la volte-face suisse coûtera cher aux stations
Bien que l’obligation de quarantaine pour les visiteurs étrangers de la liste rouge ait été levée, les stations de ski helvétiques accusent le coup encaissé à fin novembre, lors de la première annonce de l’OFSP. Les chiffres des annulations sont faramineux.

«La station de Villars (VD) a perdu 70% de ses réservations pour les vacances de fin d’année, à la suite de l’annonce d’une quarantaine obligatoire pour les voyageurs étrangers arrivant notamment de Grande-Bretagne, de Belgique et de Hollande.» Directeur de l’association touristique de la Porte des Alpes, Sergei Aschwanden évoque des millions de francs de perte.
Trois jours après l’annonce du 26 novembre, les autorités faisaient volte-face. L’OFSP (Office fédéral de la santé publique) décide que les skieurs ne seront pas confinés et pourront accéder aux pistes helvétiques, à condition de procéder à des tests PCR. Reste que le vide laissé par ces défections s’avère difficile à combler.

C’est le cas à Verbier (VS), où Sylvie Carlucci dirige l’Hôtel Mirabeau: «En quelques heures, j’ai perdu 57 clients britanniques. J’en ai depuis récupéré une dizaine. Mais guère davantage.» Également présidente des hôteliers du val de Bagnes, Sylvie Carlucci détaille: «De nombreux voyageurs risquaient de perdre le coût du vol s’ils n’annulaient pas tout de suite leur billet. Ils ont donc renoncé. De mon côté, c’est une perte sèche de 30’000 francs car je ne demande plus à la clientèle de verser une avance, en raison de l’incertitude ambiante.»
Sylvie Carlucci salue les efforts de lobbyisme effectués par l’Association des hôteliers du Valais, en collaboration avec la faîtière HôtellerieSuisse. «C’est leur travail, de même que celui des politiciens valaisans à Berne, qui a permis de faire lever l’obligation de la quarantaine. Une décision cruciale pour éviter le naufrage de cette saison d’hiver.»
Les hôteliers ont recontacté la clientèle
L’ensemble de nos interlocuteurs souligne le travail patient des hôteliers qui ont recontacté un par un les clients pour leur annoncer le retrait de l’obligation de quarantaine et les convaincre de revenir skier en Suisse. De son côté, le directeur de Crans-Montana Tourisme & Congrès Bruno Huggler relativise la gravité de l’épisode: «Les acteurs touristiques de notre région ont enregistré quantité d’annulations lors de l’annonce de la quarantaine. Mais cette mésaventure ne doit pas peser d’un poids déterminant sur l’ensemble de la saison.»
«Le mal est fait. Des millions de francs se sont envolés.»
Plus les stations sont internationales, comme Verbier qui affiche jusqu’à 90% de clientèle étrangère, plus elles ont évidemment souffert de cet épisode. C’est le cas du village iconique de Zermatt. Le vice-président des remontées mécaniques Franz Julen se félicitait de la levée de la quarantaine obligatoire dans un entretien diffusé par l’Aargauer Zeitung lundi dernier. Cette figure de la station du Haut-Valais a cependant déploré: «Mais le mal est fait. Des millions de francs se sont envolés fin novembre et nous n’en récupérerons jamais la totalité.»
Consultant à Genève pour l’industrie du tourisme, Laurent Vanat rappelle l’importance de la clientèle anglaise: «Lors de la saison dernière, les skieurs britanniques n’ont constitué que 0,6% de la fréquentation des pistes, alors que l’année précédente, ils en représentaient plus de 4%. Percutées par la pandémie, les deux dernières saisons alpines ont enregistré une fréquentation en recul de près de 10% par rapport à la moyenne sur cinq ans.»
Vu l’impossibilité de prévoir les événements, les touristes se décideront certainement au dernier moment à aller skier, estiment les observateurs. Les stations suisses craignent cependant la concurrence de la France, de l’Italie et de l’Autriche. Là-bas aussi, les mesures de lutte anti-Covid peuvent changer à tout moment, mais ces destinations restent moins chères que les pentes helvétiques.
Des conditions d’enneigement exceptionnelles
La bonne nouvelle, c’est l’optimisme ambiant qui règne dans l’industrie du tourisme helvétique alpin pour une raison qui échappe à tout contrôle: la neige tombe actuellement en quantité. Des conditions exceptionnelles se dessinent pour les vacances de fin d’année.
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