
Lorsque nous naviguons sur Internet - pour trouver du travail, chercher des recettes ou parcourir les réseaux sociaux - nous nuisons indirectement à l'environnement. Chaque fois qu'une page se charge, une petite quantité d'énergie est utilisée pour transférer les données sur notre écran. Or, de nos jours, l'énergie produite contribue encore largement aux émissions carbone, et, comptabilisées dans leur ensemble, elles atteignent des niveaux alarmants. Internet est responsable de 3,7 % des émissions carbone dans le monde (soit autant que le trafic aérien mondial) et consomme chaque année plus d'électricité que le Royaume-Uni - ce chiffre devrait doubler d'ici 2025¹.
Aujourd’hui, les services de streaming sont les plus gros consommateurs de données (pensez à Youtube, Netflix, Fortnite, Spotify, TikTok...), et chacun devrait être responsable de l'impact environnemental du temps qu'il passe sur ces plateformes. Mais en raison de l'intégration accrue de d’effets visuels et de fonctionnalités interactives, même les sites Web "traditionnels" deviennent de plus en plus gourmands en données.
Que peuvent donc faire les marques pour contribuer à réduire ces émissions ? Honnêtement, la meilleure chose à faire serait de ne pas avoir de site Web du tout. Nous ne plaisantons qu'à moitié. Notre société, de plus en plus axée sur le numérique, a rendu cette option inimaginable pour les marques et les entreprises, et nous devons nous contenter de la solution alternative suivante: si la quantité de données chargées sur une page est comparable à la quantité d'énergie consommée, le moyen le plus simple de rendre une page moins nocive est de réduire cette quantité de données. Limitez les données et la page se chargera plus rapidement, en consommant moins d'électricité, et c’est ainsi que vous obtiendrez un site Web à faible impact.
Mais en fait, c’est quoi un site Web à faible impact ?
Si vous visitez le site de la Fondation Musk, vous verrez sept courtes lignes de texte noir sur un fond blanc. C'est tout. Que cela soit intentionnel ou non, c'est l'un des exemples les plus extrêmes de site Web à faible impact, qui ne fournit que le strict nécessaire en termes d’information et d’expérience. Mais comme tout le monde ne peut pas se permettre d'être aussi radical, il est utile de comprendre plus concrètement les éléments qui contribuent à une trop grande consommation d'énergie en ligne.
Il existe plusieurs outils en ligne simples que chacun peut utiliser pour vérifier l'impact carbone et la durabilité d'un site Web, notamment le site Carbon Calculator et Ecograder. Le premier propose également une poignée d'exemples de sites les plus efficients. La majorité d'entre eux utilisent des polices standards légères, des images compressées et très peu de vidéos et d'animations.
Edouard, mais alors? Quand est-il de notre propre site internet?
« Selon Carbon Calculator, le site Web de Base Design est particulièrement mauvais : il produit 7,61 g de CO2 chaque fois que quelqu'un charge notre page d'accueil, soit autant de CO2 par an que pour faire bouillir de l’eau pour 123’721 tasses de thé¹. Et nous l’admettons, nous avons également créé, pour des marques, de nombreux sites Web qui consomment trop.
Mais parfois, un site Web efficient ne remplit tout simplement pas l'objectif recherché. Le nôtre, par exemple, a pour but de démontrer nos compétences et notre créativité dans l'élaboration d'expériences en ligne immersives, et notre capacité à intégrer une variété de fonctions interactives séduisantes. Et c’est également le cas pour beaucoup d'autres entreprises. Mais nous devons progressivement accepter l'idée que les sites Web à forte consommation, même si nous les apprécions sur le plan conceptuel et visuel, font probablement partie du passé.
Même si nous donnons peut-être l’impression de prôner le "faites ce qu’on dit, pas ce qu’on fait" en amenant le sujet des sites Web à faible impact sur la table, nous sommes parfaitement conscients que la notion de “bon” site Web est différente pour chacun. Or, un bon site Web à faibles émissions peut aussi être efficace, et nous avons quelques conseils pour vous aider à y parvenir. »
Conseils pour créer un site Web à faible impact
Dès le début de la conception d'un site Web, il est important de toujours déterminer pour qui il est effectivement conçu et à quoi il doit servir. Quelle est sa mission essentielle? Quelle est sa fonction première? Ne conserver que ce qui est utile et supprimer ce qui ne l'est pas est un bon point de départ pour la mise en place de tout site Web. Ces choix permettent ensuite de guider la conception, en gardant toujours à l'esprit que le moins est généralement l’ami du mieux.
Environ 45% des fonctionnalités Web ne sont jamais utilisées, et 70% ne sont pas essentielles². Ainsi, la création d'unités fonctionnelles, chacune remplissant un objectif unique pour l'utilisateur, contribuera à rationaliser un site - en limitant le temps de chargement des pages et en réduisant le temps passé sur le site.
Gardez à l'esprit la question suivante : comment un visiteur peut-il accéder aux informations ou au contenu qu'il recherche le rapidement et efficacement possible ?
Un moyen facile d’y répondre est de réfléchir en premier à l'expérience sur mobile ("mobile first”). Lorsqu'il consulte un site sur un mobile, un utilisateur est plus enclin à vouloir atteindre directement son objectif. En évitant les pages intermédiaires, les clics supplémentaires et les informations inutiles qu’il devrait faire défiler, il y parviendra plus rapidement.
Les images sont un gros consommateur de données. Limiter leur nombre sur une page (a-t-on vraiment besoin de 10 images du même produit ?) est un bon début. Si elles sont nécessaires, réduisez leur taille et leur poids, utilisez des formats optimisés comme .jpeg ou .webp. Mieux encore, les images vectorielles et les outils plug-in de compression contribueront à réduire encore plus la vitesse de chargement.
Dans la même idée, les vidéos ne devraient être envisagées que si elles sont indispensables. Si c’est le cas, supprimez toute fonction de lecture automatique et le son, sauf s'il est absolument nécessaire. Il en va de même pour les animations : les utilisateurs doivent pouvoir les arrêter. Pas de gifs. Pas de carrousels automatiques.
En ce qui concerne les polices, celles standards déjà installées sont beaucoup plus rapides à charger que les polices personnalisées et le format de compression WOFF2 est à privilégier. Les liens vers les comptes de médias sociaux, Google Maps et autres outils de communication consomment une part non négligeable de l'énergie des plug-ins, widgets et autres intégrations tierces.
Le plus important est peut-être de pouvoir choisir une plateforme d'hébergement qui utilise des énergies renouvelables pour alimenter ses centres de données. Les fermes de serveurs consomment d'énormes quantités d'énergie, mais heureusement, la Green Web Foundation propose un répertoire de sociétés d'hébergement écologiques. Un exemple extrême d'hébergement durable est le site Web auto-hébergé à énergie solaire de Low-Tech Magazine, qui se déconnecte parfois en fonction des conditions météo. Cela prouve qu'il est fondamentalement impossible de créer un site Web totalement autonome qui resterait toujours en ligne, mais qu’en respectant au plus près les meilleures pratiques, il est envisageable de rendre un site aussi économe en énergie que possible.
Par-dessus tout, les créateurs de sites Web doivent tester, tester et encore tester tout au long du processus de développement afin de garantir l'accessibilité aux connexions à faible débit et s'assurer que l'impact carbone de l'ensemble du site reste faible.
Un dilemme ou un choix ?
Nous semblons être à l'aube d'un nouveau paradigme, avec des idées plus concrètes sur la durabilité et une sensibilisation accrue à l’impact de la conception des sites Web sur le climat. Le marché automobile se trouve dans une position similaire. Jusqu'à récemment, une voiture performante était une voiture rapide, capable d'une accélération phénoménale, peut importait sa consommation de carburant. Au même moment, les voitures électriques semblaient une bonne alternative pour l’environnement, mais elles étaient chères et difficiles à recharger.
Récemment, la situation a changé. Désormais, les performances, mais aussi le faible impact sont deux facteurs-clés pour de nombreux consommateurs lorsqu'il s’agit de porter leur choix sur un véhicule. Certains optent pour la solution de ne pas avoir de voiture du tout et optent pour le vélo ou les transports publics.
Les sites Web semblent suivre une tendance similaire, et c'est un aspect que les entreprises et les développeurs de sites Internet devraient explorer davantage. Peut-être que, dans certains cas, un site Web n’est pas nécessaire. Mais si c'est le cas, l’exploration et l'ingéniosité peuvent déboucher sur des sites à faible impact, fonctionnels et toujours aussi beaux.
Si la décision d'opter pour un site à faible impact est prise dès le début du processus de développement, il existe de nombreuses technologies et solutions qui permettent de concevoir et de créer des plates-formes pour offrir une expérience en ligne étonnante ne nécessitant pas trop de données. Ce répertoire rassemble quelques-uns des meilleurs exemples.
Tout comme les voitures à essence ne seront bientôt plus disponibles à l'achat dans certaines régions du monde, les sites Web à faibles émissions pourraient devenir la norme, voire une obligation à l'avenir. En attendant, les marques et les entreprises ont un choix à faire lorsqu'elles développent leur présence en ligne. Si la durabilité est une préoccupation majeure pour l'entreprise dans son ensemble, l'empreinte carbone de son site Web doit être prise en compte de manière réfléchie.
Edouard, que pouvons-nous faire dès aujourd’hui?
Base Design travaille déjà avec des clients qui ont placé l’objectif de limiter les émissions de carbone en tête de leur liste de leurs priorités pour la construction de leur site Web (restez connectés, l’un d’eux sortira bientôt). Quant à notre propre site Web, il est hébergé sur le site AMS3 de Digital Ocean, le centre de données Equinix, qui met l'accent sur les énergies renouvelables. Nous sommes également en train d'étudier le meilleur emplacement pour stocker nos images et nos vidéos, cela impactant fortement la consommation d’énergie. Par-dessus tout, nous sommes enthousiastes que de plus en plus de personnes souhaitent créer des expériences en ligne pertinentes et à faible impact environnemental. Fondamentalement, il n'y a pas de dilemme, juste le choix d'être responsable et de construire des solutions durables.
¹Figures and data regarding internet energy consumption should be used as indications, since calculations rely on a variety of debatable factors
²Source: Ecoconception web: les 115 bonnes pratiques, 2019
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Transition – PRÊT À LANCER VOTRE SITE WEB À FAIBLES ÉMISSIONS ?
Les sites Web interactifs chargés d'animations et de vidéos spectaculaires peuvent en mettre plein la vue, mais ils contribuent bien plus aux émissions carbone globales que de simples pages Web. Qu'en est-il des marques éco-conscientes qui veulent à la fois une présence en ligne pertinente et contribuer à sauver la planète ? Edouard Henry, directeur digital de BaseGVA, nous éclaire sur ce dilemme.