
C’est reparti pour un tour. Un petit tour, comme celui des carrousels. La prochaine vente de Piguet à Genève n’offre en effet que peu de lots majeurs. Il faut dire que la concurrence se fait rude en la matière. Il y a la locale, tout d’abord. Puis Koller de Zurich, qui possède une antenne dans notre ville à l’Athénée. Christie’s et Sotheby’s jouent enfin le rôle d’aspirateurs à marchandises, avec leurs directrices locales dans le rôle des techniciennes de surface. Si montres et bijoux se verront bien vendus par ces deux maisons dans nos murs, il n’en ira de même pour le reste. Il finira à New York, Londres (mais là, les choses se gâtent) ou Paris (menacé aujourd’hui par de nouvelles taxes d’importation). L’avenir verra du coup peut-être des cartes re-brassées.

Mais revenons à Piguet, qui proposera ses deux prochaines ventes «live» (ou «en présentiel» si vous préférez) les 15 et 16 mars à la rue Prévost-Martin. L’essentiel des œuvres dispersées se voit donc proposé en ligne, où il est déjà possible de miser depuis le jeudi 2. Il y a comme d’habitude de tout, avec cette fois une emphase sur les fossiles. On sait que ces derniers deviennent à la mode. Aucune énorme bébête de dix ou vingt mètres de long pourtant lors de cette session. Le dinosaure se résumera ainsi à une patte, estimée entre 25 000 et 35 000 francs. Il faudra compter davantage pour un squelette d’ichtyosaure, soit entre 50 000 et 70 000 francs. Autrement, pour rester dans les hautes époques, les ventes de mars comportent un peu d’archéologie. Il s’en remarque même dans la belle série de monnaies en or, où j’ai notamment remarqué une pièce remontant à Anthème, qui fut l’un des tout derniers empereurs romains entre 467 et 472 (entre 1000 et 1500 francs). Le malheureux a comme de bien entendu mal fini. Exécuté après avoir fui déguisé en mendiant…

Pas de ventes sans peinture. Il y en aura, lors des soirées publiques signée Pierre Bonnard, Robert Combas, Ferdinand Hodler, Mark Tobey, Joris van Son (une ravissante nature morte du XVIIe siècle), Antoni Tàpies ou Maurice Brianchon. Piguet proposera aussi un pastel inédit sur le marché de Jean-Etienne Liotard représentant Madame d’Epinay. Si la femme de lettres française devait inspirer son chef-d’œuvre au pastelliste genevois, aujourd’hui au MAH, cette modeste effigie, qui devrait «faire» 15 000-25 000 francs à peine, n’offre à mon avis rien de très d’excitant. J’ai aussi noté, à prix doux, un immense dessin atypique de Tardi intitulé «Angoulême». Deux mètres trente de large!

Le catalogue en ligne contient naturellement de la maroquinerie de luxe, des vins fins, des Gallé et beaucoup d’encombrantes barbotines Art nouveau en Vallauris. Les meubles sont dominés de haut par une armoire marquetée Art déco tardif de Jules Leleu. Il y a quelque part la succession de Jean Piaget, dont le principal mérite reste de montrer enfant sur une photo le futur spécialiste de l’enfance. L’une des ventes contient quelques objets précieux relativement récents d’Asprey, dont un œuf à la manière de Fabergé (entre 15 000 et 20 000). Mais comme toujours chez Piguet, les estimations restent extrêmement incitatives. Comprenez par là qu’elles se situent au ras des pâquerettes, qui sortent précisément de terre en ce moment.

Toute série de ventes bien pensée se doit de comporter des curiosités dont on parle. Elles sont ici de plusieurs types. Qu’y a-t-il en effet de commun entre deux aquarelles de paysage, réalisées par un Louis Soutter d’avant l’asile et les dessins bruts (de 1500 à 2000 francs), et deux jukebox Wurlitzer, modèles de 1941 et 1946 (entre 3000 et 5000 francs pièce)? Signalons tout de même aux amateurs éventuels qu’il faudra remettre ces derniers en état, et qu’ils sont conçus pour les vinyles 78 tours. J’ai bien acheté dans ma prime enfance des 78 tours à Genève au Grand Passage (actuel Globus, mais cela devrait changer vu le projet immobilier actuel). C’est aujourd’hui très loin…
Pratique
Piguet, 51, rue Prévost-Martin, Genève. Tél. 022 320 11 17, site www.piguet.com On mise déjà en ligne. Les ventes en salle se dérouleront les 15 et 16 mars à 19h. Visites sur réservations de 12h à 18h les 8 et 9 mars. Visites publiques les 10, 11 et 12 mars de 12h à 19h.
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Marché de l’art – Piguet présente à Genève ses ventes de mars
Beaucoup d’archéologie, avec des bestioles préhistoriques. Des monnaies en or. Deux ventes à la criée seulement. On mise déjà sur le Net.