
Quelques années seulement après la récession économique liée à la pandémie de Covid-19, le marché de l’emploi suisse est déjà tari. En 2022, le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans. La situation de l’emploi est donc tendue pour les entreprises.
D’après une enquête d’UBS, 80% des sociétés sondées affirment avoir des difficultés à pourvoir les postes vacants. Ce chiffre n’était que de 65% en 2021 et de 45% en 2016. Aussi, deux tiers des entreprises interrogées estiment désormais que le changement démographique est la principale cause de la pénurie de main-d’œuvre. Qu’entendent-elles par là?
Plus de vieux, moins de jeunes
Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) montrent que le nombre de personnes actives a augmenté de 67’000 en 2021, soit pas davantage que la moyenne annuelle des dix dernières années. Même constat du côté de l’afflux de nouveaux travailleurs étrangers: l’immigration nette n’était pas plus élevée en 2021 que la moyenne de la décennie passée.
En revanche, plus de travailleurs partent à la retraite que de nouveaux n’arrivent sur le marché du travail. Depuis 2011, les entrées nettes sur le marché du travail étaient de 19’000 personnes par an en moyenne. Ce chiffre était en baisse en 2021, avec 6000 travailleurs de moins. Cela contribue à la réduction de l’offre de main-d’œuvre.
Afin de pourvoir les postes vacants, les entreprises sont de plus en plus contraintes de recourir à des demandeurs d’emploi. En 2021, 42’000 nouveaux travailleurs ont été recrutés parmi les chômeurs, soit plus du double de la moyenne de la dernière décennie. La forte baisse du chômage est donc largement due à l’évolution démographique, plutôt qu’à une demande de main-d’œuvre supérieure à la normale.
Le vieillissement progresse, mais des solutions existent
Au cours de la décennie 2021-2030, beaucoup plus de personnes actives atteindront l’âge de la retraite que de jeunes n’entreront sur le marché du travail. Même si la tendance migratoire amorcée en 2011 se poursuit, la Suisse devra faire face à un important déficit de main-d’œuvre. Si l’on compare l’offre et la demande de main-d’œuvre à venir, il manquera environ 220’000 à 250’000 travailleurs d’ici à 2030, et cela même en tenant compte de la réforme de l’AVS.
«La pénurie de main-d’œuvre sera probablement le plus grand défi pour les entreprises suisses et pour la politique économique cette prochaine décennie.»
La réforme du premier pilier approuvée à l’automne dernier ne désamorcera qu’en partie la situation. En effet, en retardant progressivement le départ à la retraite des femmes d’une année, on devrait augmenter les effectifs de 20’000 à 50’000 personnes. Mais il ne faut pas miser sur une baisse de la demande de main-d’œuvre.
La pénurie de main-d’œuvre sera probablement le plus grand défi pour les entreprises suisses et pour la politique économique cette prochaine décennie. L’augmentation de l’immigration ne constitue qu’une mesure d’appoint, en raison des résistances sociales et politiques.
Toutefois, des pistes prometteuses existent pour pallier la pénurie de personnel: une meilleure intégration dans la vie professionnelle des seniors et des mères. Le changement démographique est une lame de fond mais les défis qu’il pose sont loin d’être insurmontables.
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Placements – Pénurie de main-d’œuvre, la démographie en cause
En Suisse, les entreprises ont de la peine à recruter, quels que soient le secteur d’activité concerné et le niveau de qualification requis. L’explication n’est pas conjoncturelle mais plutôt démographique. Point de situation.