
Nous l’avions perdu de vue mais sans jamais l’oublier. Par la force des choses, le destin peut-être, la vie sûrement… Muhamed Muratovic était sorti de nos radars gastronomiques le temps de quelques printemps.
Depuis plusieurs années, le cuisinier itinérant collaborait aux côtés de nombreux chefs, tous lui diagnostiquant un talent évident. Sans jamais vouloir (ou pouvoir) poser ses couteaux sur une longue durée, il passe de maison en maison en quête d’une certaine forme d’allégeance. C’est mal connaître le personnage qui n’est pas du genre à se laisser dompter.
Momo, comme le surnomme les intimes, cherche une nouvelle maison gastronomique où exprimer son talent et grâce à ses relations amicales il suit aujourd’hui un chemin culinaire tout tracé. Se serait-il affranchi pour mieux s’épanouir ? C’est à ce jour bien parti…
Peloton de tête
Inutile de tergiverser, le talent de Muhamed Muratovic est indéniable. Le retrouver derrière des fourneaux est toujours un plaisir non-dissimulé car Genève a plus que jamais besoin de conserver les talents qui font rayonner une gastronomie moderne et engagée.
Avec une cuisine attractive et des associations qui séduisent, Momo est dans le peloton de tête des jeunes cuisiniers si chers à la Cité de Calvin. Martin Regianni, le patron de MiFood MiRaisin ne s’est pas trompé sur le potentiel culinaire du chef. Tous deux se connaissent, s’apprécient, suivent leur carrière respective et savent garder leur place de chaque côté du passe de cuisine.

Seul patron à bord de son vaisseau des Eaux Vives - jusque-là exclusivement bar à vins nature avec quelques grignotages canailles – Martin reprend à la fin 2022 l’arcade mitoyenne avec l’idée d’en faire une table gourmande.
Le lieu est sobre mais chaleureux. Pas de fioriture à l’horizon… ni dans le décor et encore moins dans l’assiette. Une approche culinaire dans l’air du temps ; sur la carte, trois mots seulement, séparés par des barres obliques, pour définir les composant des plats. Passons à table…
Poireaux & kiwis
Première surprise, le pain au levain, accompagné d’un beurre au lait cru, est un régal.
En préambule, la chair de tourteau émiettée est guidée par quelques pétales de radis, une légère mayonnaise au miso et du citron cédrat. Une réalisation appétissante et savoureuse.

Plus engagé, le tartare de bœuf coupé au couteau est drapé de lard de Colonnata et relevé de quelques anchois. Une création incisive et directe.
Réinterprétation d’un classique bistrotier, les poireaux vinaigrette sont escortés de haddock et de kiwi. Un ouvrage étourdissant et élégant.
Pour suivre, c’est un blanc de cabillaud magnifiquement nacré escorté de brocolis bimi et rehaussé d’un jus de veau au miso qui parachève cette odyssée gourmande.

Alors que nos deux cuillères plongent sans vergogne dans une mousse au chocolat bien dense, agrémentée d’huile d’olive et de fleur de sel, le bonheur bistrotier dans l’air du temps est bien au 4 chemin Neuf.
Muhamed Muratovic réamorce son virage culinaire avec panache tout en nous réservant encore bien des surprises pour les mois à avenir. Demandez-lui s’il est heureux de retrouver le son des casseroles dans une cuisine en ébullition… vous aurez la réponse dans son sourire.

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Gastronomie à Genève – «Momo» aux fourneaux!
En allumant la flamme des fourneaux de la nouvelle Table de MiFood MiRaisin, le chef Muhamed Muratovic dépose une nouvelle fois ses couteaux derrière des fourneaux genevois. Quelle joie de retrouver ce cuisinier fort ingénieux!