Une vraie question, après l’engouement suscité par le lancement de ChatGPT, une IA générative capable de rédiger des dissertations, indiscernables de celles écrites par un humain.
À la une de tous les médias, le chatbot d’OpenAI n’aura pas manqué de capter l’attention des élèves, des étudiants et du corps enseignant. Indétectable par les logiciels anti-plagiat connus, il ne génère pas des extraits aspirés du Web, mais fait ses propres associations de mots et d’idées d’après des calculs de probabilités.
Un réflexe courant des établissements face aux nouveaux outils numériques est d’en interdire l’accès en classe.
Mais une école secondaire en Allemagne, le Evangelisch Stiftische Gymnasium à Gütersloh, a adopté l’approche inverse, lors d’une épreuve il y a quelques mois, un logiciel IA de rédaction a été requis pendant l’examen.
Les élèves ont sollicité des arguments depuis la plateforme Playground de GPT3 (la version IA d’OpenAI qui a précédé ChatGPT). Ils étaient tenus à une règle simple: les extraits de texte provenant de l’IA devaient être annotés en tant que tel et ils devaient justifier pourquoi ils avaient choisi d’inclure les passages dans leur travail.
Il fallait également prendre en compte les limites connues du système: l’IA reflète parfois des stéréotypes sociétaux et des opinions conservatrices et elle se base sur des informations qui peuvent être obsolètes, car la formation des grands modèles de langage qui constitue GPT 3-s’est arrêtée en 2019 (l’entraînement de ChatGPT-3.5 s’est arrêté plus tard, fin 2021).
La plupart du temps, l’IA a servi à aiguiser leur réflexion, car ils se trouvaient confrontés à de nouveaux arguments.
Les élèves ont dû pousser plus loin leurs recherches sur le Web afin de vérifier les faits, les opinions, les études ou les citations générés par l’IA.
Le constat de cette expérience: aucun d’entre eux ne s’est fié aveuglément aux textes de l’IA.
Stuart Selber, qui enseigne l’anglais à l’université d’État de Pennsylvanie interrogé par Business Insider, déclare pour sa part ne pas être plus inquiet de ChatGPT que de tout autre nouveau développement: «Vous pouvez revenir quelques décennies en arrière et trouver des propos similaires à propos de Word, Wikipédia et l’Internet en général».
Sans oublier la fameuse crainte qui a fait mouche autour du globe, lancée par Nicholas Carr dans le journal The Atlantic en 2008: «Google nous rend-il idiots?». Et bien, quatorze ans après, si c’est le cas, on s’en accommode et on s’appuie volontiers et ouvertement sur des logiciels comme Grammarly qui analyse et améliore notre écriture.
Ce qui est certain, c’est que les écoles et les universités devront rapidement avoir une conversation avec leurs enseignants sur le processus de rédaction et la valeur qu’elles accordent à la pensée critique. Elles devront certainement mettre à jour leurs politiques d’intégrité académiques, le langage actuel n’interdisant pas explicitement d’utiliser ces plateformes, puisqu’il ne s’agit pas de plagiat.
OpenAI a annoncé qu’elle travaillait sur le développement d’un «filigrane numérique» qui serait intégré dans les réponses générées par GPT-3, à l’instar des banques d’images, permettant de libeller un contenu généré par l’IA et qui - en théorie seulement - devrait être difficile à supprimer.
Mais il existe des dizaines d’autres outils d’écriture IA qui s’adressent aux étudiants et si ChatGPT-3 a bénéficié d’une immense couverture médiatique, il n’est pas le plus performant. Il a été conçu avec de trop nombreux garde-fous pour être le plus politiquement correcte que possible et génère rarement des avis contradictoires lorsqu’il est sollicité plusieurs fois sur une même question.
Ce qui n’est pas le cas de Jasper.ai, bien plus intéressant. Il est l’un des plus grands acteurs dans ce domaine, maîtrisant 26 langues grâce à une intégration avec l’outil de traduction automatique DeepL. Lancée il y a peine 18 mois, c’est l’une des start-up logicielles à la croissance la plus rapide de tous les temps.
La prochaine version du modèle, GPT4, dont la sortie est attendue dans quelques mois, s’appuiera sur 100 trillions de paramètres, soit environ 500 fois plus que GPT3.
Ça va décoiffer.
Sources: The Decoder/Business Insider/The Conversation
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Innovation – L’utilisation de ChatGPT par les étudiants inquiète les enseignants
Comment noter une épreuve, s’il n’est pas clair qui a fait le travail, l’étudiant ou l’IA?