Serpent de merL’UE relance son projet d’Union bancaire
Un projet longtemps repoussé visant à renforcer le marché bancaire européen, par le biais d’un système unifié de garantie des dépôts, a fait son retour mardi sur la table des dirigeants de l’Union européenne.

Le président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe, devait présenter aux ministres des Finances un plan de travail pour relancer ce chantier qui achèverait enfin l’union bancaire, mise en place dans la douleur à partir de 2012 dans le sillage de la crise financière.
Le projet de système européen de garantie des dépôts (acronyme EDIS en anglais), inspiré des États-Unis, protégerait mieux les banques en cas de crise, car leurs clients, assurés de ne pas perdre leur argent, éviteraient de se ruer aux guichets pour retirer leurs économies.
Actuellement, les dépôts des particuliers sont assurés jusqu’à 100 000 euros dans l’UE, grâce à des financements des réseaux bancaires nationaux.
Réticences
Mais la mutualisation des garanties à l’échelle européenne se heurte depuis des années aux réticences de l’Allemagne et d’autres pays du Nord, qui craignent de voir leurs épargnants payer pour les défaillances de banques de pays du Sud.
L’Italie, lourdement endettée, est également hostile à cette réforme qui limiterait la possibilité pour ses banques fragiles de consolider leur bilan en achetant des obligations d’État italiennes.
Achever l’union bancaire, alors que le marché de l’UE est encore très fragmenté, permettrait aussi de créer de vrais groupes européens transfrontaliers pour mieux financer l’économie.
«Si nous ne le faisons pas maintenant, il est très difficile de voir quand il y aura un meilleur moment», a déclaré un haut fonctionnaire européen sous couvert d’anonymat. «Nous devrions probablement attendre un certain temps avant de pouvoir réessayer», a-t-il ajouté.
Maintenant ou jamais?
Pour sortir de l’impasse, M. Donohoe demande aux ministres -réunis mardi en visioconférence- d’envisager une mise en œuvre du dispositif en deux phases qui s’étaleraient sur plusieurs années.
«Disposer d’un secteur bancaire résilient et efficace au service des citoyens et des entreprises est essentiel pour la crédibilité de l’Europe», écrivait M. Donohoe dans le Financial Times en mars. «Ces dernières années, les débats sur l’union bancaire sont devenus inextricables. Mais je pense que le phasage permettra de débloquer les progrès», avait-il jugé.
Après avoir pris connaissance du projet mardi après-midi, les ministres de l’UE devraient en discuter les détails lors d’une réunion en juin. S’ils donnent leur feu vert, la Commission européenne rédigera, d’ici à la fin de l’année, une proposition juridique qui devra également être approuvée par le Parlement européen.
AFP
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