D’une part, le marché du travail et le consommateur américain se montrent résilients tandis que les indicateurs avancés fléchissent.
Le chômage est à un plus bas historique à 3,6% et les créations d’emploi, qui ont ralenti modestement à 223 000 en décembre, restent très largement au-dessus de leur tendance (100 000 – 150 000). Par ailleurs, la consommation ne fléchit pas: le consommateur puise dans son épargne et se réendette (+15% annualisé pour le crédit à la consommation).
Les dernières prévisions de la Fed d’Atlanta indiquent que la hausse trimestrielle du PIB réel pourrait ainsi approcher 4% en rythme annualisé au T4, dont plus de la moitié serait expliquée par la consommation privée.
Pour autant, les indicateurs avancés signalent une activité en baisse pour les mois à venir. Le fléchissement a démarré dans le secteur résidentiel. L’indice des promesses de ventes de logements existants ainsi que les mises en chantier ont respectivement baissé de 38% et 32% sur un an.
Cette faiblesse s’est ensuite étendue à l’industrie, et plus récemment aux services. En décembre, l’ISM services qui avait jusque-là étonnamment résisté a baissé de 6,9 points pour tomber en zone de contraction à 49.6.
D’autre part, le mouvement de désinflation est amorcé depuis juillet mais des tensions persistent sur certaines composantes des prix.
L’inflation a baissé de 0,1% en décembre et l’inflation annuelle est passée de 6,5% à 7,1%, principalement en raison de la composante énergie. Il s’agit du taux d’inflation le plus faible depuis octobre 2021.
Toutefois, certaines tensions persistent:
les prix des biens manufacturés hors véhicules d’occasion ont rebondi
les prix des services de logement ont augmenté de 0,8%, la plus forte hausse mensuelle depuis mai 1985
les prix des services hors logement, auxquels la Fed prête attention, se sont accrus de 0.4%
En outre, si la croissance des salaires affiche une légère décélération en décembre à 4,6% contre 4,8% le mois précédent, elle demeure supérieure à la moyenne préCovid à 3.3%. Ainsi, même si les prix ont amorcé leur décélération, il reste du chemin pour que l’inflation retrouve des niveaux proches de 2%.
Ces signaux créent donc une divergence de lecture entre la Réserve Fédérale et les investisseurs qui pourraient peser sur les obligations souveraines américaines.
D’un côté, la Fed conserve son biais restrictif en raison du plein-emploi et du niveau élevé de l’inflation. Ses membres prévoient ainsi un taux Fed de 5,1% fin 2023 et aucun d’entre eux n’envisage de baisses de taux en 2023.
De l’autre côté, les investisseurs se concentrent sur le fléchissement des indicateurs avancés ainsi que sur le pic d’inflation passé. Ainsi, ces derniers anticipent un taux terminal de 4,9% en juin 2023 et une baisse de 50 points de base du taux durant le second semestre 2023.
Les investisseurs semblent trop optimistes et pourraient être surpris par la poursuite du durcissement monétaire de la Banque centrale américaine.
Les hausses de taux n’étant pas intégrées dans les prix, celles-ci pourraient donc soutenir une hausse des rendements des obligations souveraines américaines et ainsi réduire leur prix.
Ainsi, nous restons prudents sur les obligations américaines.

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