Facilité par le développement de plateformes en ligne, plébiscité pour son côté écologique et responsable, le marché de la deuxième main croît à une vitesse sans précédent. L’année dernière, le luxe d’occasion a atteint 33 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de 65% en quatre ans, contre 12% pour le neuf. Dans ce segment, l’horlogerie se taille la part du lion. Aujourd’hui, une montre sur trois vendues en ligne est pre-owned.
Preuve que ce secteur ne peut plus être ignoré, les trois plus grands groupes de luxe ont récemment investi dans des plateformes de revente. Kering dans Vestiaire Collective, LVMH dans Chrono24 et Richemont a fait l’acquisition de Watchfinder.
Intégrer la seconde main dans son modèle d’affaires permet non seulement d’influer sur ce marché parallèle, mais également de gagner de nouveaux clients. Selon le dernier rapport de la licorne française Vestiaire Collective, le marché du vintage incite les consommateurs à délaisser la fast fashion au profit de vêtements de marques haut de gamme. Bon nombre de ces acheteurs font leur entrée dans l’univers du luxe via le secondhand. Les magasins multimarques l’ont compris: en mettant en place des corners dédiés au vintage, ils ont réussi à sensiblement rajeunir leur clientèle.
Il n’empêche, l’attitude de nombreuses marques de luxe face à l’occasion rappelle leur réticence à l’égard de l’internet. Il a tout de même fallu un confinement généralisé pour que certains horlogers mettent enfin en place leur plateforme d’e-commerce. L’online ne pourra jamais remplacer l’expérience vécue en boutique, mais il la complète. Il en sera de même pour la deuxième main.
Le secteur de la joaillerie, circulaire par principe - personne ne jette des diamants ou de l’or à la poubelle -, a depuis longtemps compris l’intérêt que pouvait représenter l’ancien face à la vente du neuf. En rachetant leurs créations, les marques contribuent à fidéliser leurs clients, prouvent que leurs produits maintiennent de la valeur sur le long terme, tout en gardant une meilleure maîtrise sur toute la chaîne.
Car au final, le marché de l’occasion reste autant un enjeu de rentabilité qu’une question de positionnement et d’image. Pour continuer à séduire la Gen Z, pour qui la circularité des articles est la deuxième motivation d’achat après le prix, mettre en place des actions concrètes en matière de développement durable est devenu une nécessité.
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Édito Bilan Luxe – L’occasion n’est plus une option