
La bulle aurait-elle éclaté? Ou s’agit-il d’une baisse temporaire? Je resterais incapable de vous répondre. Toujours est-il que le très sérieux «The Wall Street Journal» vient de se pencher sur la chute des NFT en matière d’art ces derniers mois. Je vais vous résumer tout cela grâce à un article en ligne d’«Il giornale dell’arte» signé Alberto Fiz. Ce spécialiste économique a analysé les résultats récents dans les maisons de ventes aux enchères et sur les plateformes. C’est bel et bien une débandade selon lui, après la folie de l’an dernier (1). Pour prendre un seul exemple, Christie’s a vendu en 2022 (je sais, on n’est pas au bout de l’année) pour 4,6 millions d’œuvres immatérielles, alors qu’il en avait écoulé pour 150 millions en 2021.
Un acheteur indien
Tout a donc été très vite. Le 11 mars 2021, la nouvelle de la vente de «Everydays: The First 5000 Day» de Mike Winkelmann, alias Beeple, faisait la Une de tous les journaux. L’œuvre s’était propulsée en ligne de quelques milliers de dollars à 69,3 millions. L’acheteur, un Indien nommé Vignesh Sundaresan, était persuadé d’avoir obtenu un morceau d’histoire numérique. Dès lors, d’autres succès pouvaient naître, eux aussi fortement médiatisés. De plus petits prix allaient à des œuvres acquises par de clients ne voulant pas manquer la folie du jour. Les mêmes sans doute qui se sont lancés dans les cryptomonnaies le plus audacieuses. Résultat, il s’est écoulé pour 1,9 milliard de dollars d’œuvres sous forme de NFT entre mars et décembre 2021. En 2022, on en reste début août à 205. Je vous ai ainsi récemment signalé qu’un acheteur sur deux d’une édition de NFT moyen de gamme signées Damien Hirst avait préféré conserver la version virtuelle plutôt que l’œuvre matérielle.
«Le premier tweet est une chose aussi importante que La Joconde.»
Ces braves gens seraient sans doute dépités en lisant «The Wall Street Journal». Ils découvriraient les résultats de Christies, Sotheby’s ou Phillips. Les plateformes ne se portent apparemment guère mieux. Elles compressent leur personnel, en espérant ne pas disparaître complètement. Faillite. Pour le moment, elles se veulent rassurantes, comme doivent le demeurer les lanceurs de cryptomonnaies pendant les trous d’air. L’avenir dira qui a raison. D’aucuns assurent que le NFT garde certes toute son importance, mais qu’il ne devrait pas avoir de liens avec l’art. Vous savez comment sont les prévisionnistes. Il y aura toujours les Cassandre et les bateleurs. Cela dit, une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule. Le Malais Sina Estavi, qui avait acheté pour 2,9 millions de dollars le premier «tweet» jamais envoyé, se targuait alors d’avoir obtenu une chose «aussi importante que La Joconde». Il a remis la chose en vente il y a deux mois en ligne pour 50 millions. Aucun intérêt ne s’est manifesté. La seule offre ferme, qui tient du pied de nez, serait de 29 dollars. Cent mille fois moins que le prix payé l’an dernier. Je vous dis tout cela comme je l’ai lu en italien.
(1) On pense au krach de la tulipe aux Pays-Bas le 6 février 1637. Les bulbes les plus rares ont alors passé du prix d’une maison à quelques florins.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Marché de l’art – Les œuvres en NFT n’ont déjà plus la cote
L’année dernière avait connu un boom, créé de manière artificielle. Les prix sont retombés de manière dramatique. Une pause ou la fin?