Votations du 15 maiLes eurodéputés placent Frontex face à ses responsabilités
Le Parlement européen a décidé mercredi de reporter sa décision sur la validation des comptes 2020 de l’agence de surveillance des frontières Frontex, exprimant son inquiétude sur les refoulements illégaux de migrants imputés à cette organisation.

Les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, ont voté (492 voix pour, 145 contre et huit abstentions) pour reporter à octobre leur approbation de la décharge du budget de l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes pour 2020.
Le patron contesté de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, a présenté fin avril sa démission, à la suite d’une enquête de l’Olaf le visant ainsi que deux autres membres du conseil exécutif de l’agence. M. Leggeri a été en particulier ciblé par un rapport de l’Olaf de début 2022, non rendu public.
Frontex est par ailleurs régulièrement accusé, notamment par des ONG, de pratiques de refoulements illégaux de migrants et de complaisance envers les autorités grecques, par exemple, sur des renvois brutaux vers la Turquie.
«Le renforcement du rôle de Frontex requiert une gestion efficace et implique plus de responsabilité (…) nous n’avons pas assez d’informations actuellement pour prendre une décision éclairée», a commenté l’eurodéputé Tomas Zdechovsky (PPE, droite).
«Le conseil d’administration de Frontex a refusé que les eurodéputés consultent le rapport de l’Olaf. Nous ne pouvons accepter cette obstruction et encore moins qu’une agence de l’UE bafoue les droits et les valeurs qu’elle est censée défendre», a renchéri Michèle Rivasi (Verts), dont le parti dit s’interroger sur «la plus-value d’une agence au budget croissant».
Budget
Le budget de Frontex, qui a vu son mandat renforcé en 2019, s’élevait en 2020 à environ 360 millions d’euros.
Mercredi, les eurodéputés ont également reporté leurs décisions sur les budgets du Conseil européen et du Comité économique et social européen.
Par ailleurs, ils ont accordé la décharge budgétaire à la Cour des comptes de l’UE, mais, dans une résolution distincte (361 voix pour, 240 contre et 46 abstentions), ils réclament à l’institution de «résoudre un certain nombre de problèmes éthiques et de gestion impliquant ses membres et son président (…) qui ont mis en cause son impartialité».
La Cour, située au Luxembourg, a récemment été mise en cause pour l’usage controversé des indemnités de fonctions de ses membres, dont son président, l’Allemand Klaus-Heiner Lehne.
AWP
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