Marché du travailLes étrangers qualifiés compensent la pénurie de main-d’oeuvre
Alors que la Suisse a retrouvé son niveau d’emploi d’avant la pandémie, le pays -et le secteur informatique en particulier- est de plus en plus dépendant des apports en ressources humaines issus de l’immigration.

Le secteur économique s’est remis de la crise du coronavirus. Malgré la libre circulation, certains secteurs peinent à trouver du personnel qualifié. Les capacités de recrutement dans le cadre de la libre circulation du secteur informatique sont quasi épuisées.
Selon le 18e rapport de l’observatoire sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Europe, publié jeudi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), le taux de chômage au printemps 2022 a retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Et ce autant pour les employés suisses que pour les étrangers.
Informatique
Le Seco s’est particulièrement penché sur le secteur informatique. Ce domaine professionnel a connu une croissance particulièrement forte au cours des dernières années grâce à la numérisation progressive de l’économie.
Le nombre de personnes actives dans le secteur a augmenté de 60% depuis 2010. Et le taux de chômage est très bas (1,6%). Le potentiel de main-d’oeuvre nationale est pratiquement entièrement exploité. Les étrangers représentent près d’un tiers des actifs, contre 26% pour l’ensemble de l’économie, a précisé Boris Zürcher, chef de la Direction du travail au Seco devant les médias à Berne.
Demande satisfaite
Pour le Seco, il ne fait aucun doute que l’immigration étrangère a contribué dans une large mesure à ce que la demande en personnel qualifié puisse être satisfaite rapidement. Le recrutement dans le cadre de la libre circulation des personnes est souvent épuisé.
La numérisation continue et les besoins en spécialistes sont élevés. Parallèlement, note le Seco, la demande augmente également à l’étranger et la concurrence pourrait devenir plus intense.
Dans ces cas, l’immigration des Etats tiers, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Inde, via le système de contingents est particulièrement importante afin d’attirer des profils plus loin. La grande attractivité de la Suisse devrait représenter un avantage pour le recrutement à l’étranger, a indiqué M. Zürcher.
Surreprésentation
Pour le Seco, les difficultés de recrutement sont aussi un indice que l’économie suisse se porte bien. Le rapport conclut que celle-ci s’est bien remise de la crise.
Les ressortissants de l’UE, de l’AELE et d’Etats tiers sont surreprésentés dans les branches particulièrement touchées par la crise et par les mesures de restrictions. Ils ont donc davantage ressenti les effets de la crise que les Suisses, note le Seco. Durant les premiers mois de la crise, le taux de chômage des étrangers a plus fortement augmenté que celui des Suisses.
Ceux-ci sont moins actifs dans l’hôtellerie et la restauration. Mais plus dans des secteurs qui ont mieux résisté à la crise, comme l’administration, l’éducation, la santé et le social. Dès mars, les différences entre le taux d’emploi des étrangers et des Suisses se sont réduites.
Difficultés structurelles
Pour la directrice du Seco, Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, les difficultés de recrutement sont de nature conjoncturelle. «La Suisse vieillit.» Les jeunes arrivants sur le marché sont moins nombreux que les personnes qui partent à la retraite.
De nombreux domaines sont confrontés au défi de remplacer ce personnel âgé. Il est donc fondamental de travailler à exploiter au mieux le potentiel de main-d’oeuvre indigène. La Suisse continuera néanmoins à dépendre à l’avenir du personnel étranger, a estimé le directeur de l’Union patronale suisse Roland Müller.
AWP
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