Commerce de détailLes coopératives Migros à la peine depuis plus de dix ans
La démission du patron du géant orange témoigne des difficultés de ses coopératives régionales, dont «Bilan» s’était fait l’écho dans un article publié en juin 2020.

C’est par un bref communiqué que Migros a annoncé la semaine dernière la démission de son directeur général, Fabrice Zumbrunnen. Selon la presse alémanique et «Le Matin Dimanche», ce départ résulte des difficultés du leader suisse du commerce de détail à procéder à des réformes d’envergure pour améliorer sa rentabilité à la suite des mauvais résultats enregistrés par la majorité de ses dix coopératives régionales depuis le début de l’année.
Au sein du géant orange, dont l’organisation est lourde et complexe, aucune restructuration n’est envisageable sans l’aval des acteurs régionaux. Or l’administration de la Fédération des coopératives Migros (l’équivalent du conseil d’administration dans une société anonyme) ainsi que la direction générale ne parviennent pas à convaincre les directeurs régionaux d’agir pour le bien commun. «Si la FCM veut vraiment intervenir dans les coopératives régionales, la seule solution serait de créer une structure en sociétés anonymes avec la FCM comme holding propriétaire majoritaire de chaque société anonyme régionale», affirmait le consultant en gouvernance Dominique Freymond dans une interview publiée par «Bilan» en novembre 2020.
Les Romands souffrent davantage que les Alémaniques
Les difficultés actuelles rencontrées par les coopératives régionales, qui constituent l’épine dorsale du groupe, ne sont pas surprenantes. Pour preuve, «Bilan» avait comparé dans son édition du 17 juin 2020, l’évolution de leurs ventes de détail entre 2009 et 2019 (dernier résultat avant le Covid). En dépit de la hausse importante de la population au cours de cette période, le chiffre d’affaires (sans les filiales à l’étranger) avait baissé de 627 millions de francs ou de -4,7%. Comme le montre le tableau ci-contre, les Romands avaient davantage souffert que les Alémaniques: -17% pour Migros Genève, -8,9% pour Migros Neuchâtel-Fribourg, -8,5% pour Migros Vaud et -8,4% pour Migros Valais. Au total, huit coopératives sur dix enregistraient une diminution de leurs affaires.

Au niveau de la marge EBIT, le résultat était aussi décevant. Aucune coopérative régionale (à l’exception de celle de Lucerne) n’atteignait en 2019 le niveau de 3% à 5% fixé pour le groupe. En Suisse romande, le bénéfice opérationnel calculé en pourcentage du chiffre d’affaires était plus faible. Il s’établissait à 2,1% pour Neuchâtel-Fribourg, 1,3% pour Vaud et à moins de 1% pour Genève et Valais.
«Si la FCM veut vraiment intervenir dans les coopératives régionales, la seule solution serait de créer une structure en sociétés anonymes avec la FCM comme holding propriétaire majoritaire de chaque société anonyme régionale.»
Dans l’article de «Bilan», le porte-parole de Migros, Tristan Cerf, expliquait les raisons de cette contre-performance de la manière suivante: «D’une part, les consommateurs helvétiques ont fortement augmenté leurs achats à l’étranger en raison des deux vagues d’appréciation du franc vis-à-vis de l’euro en 2011 et en 2015. Ce qui a pénalisé nos magasins proches de la frontière. D’autre part, en plus d’une très forte progression du commerce en ligne, la concurrence au niveau stationnaire s’est intensifiée et diversifiée, avec l’ouverture notamment de nombreux points de vente par des distributeurs étrangers (ndlr: Aldi et Lidl).»
Au fil des années, l’écart des ventes réalisées dans les supermarchés s’est réduit entre Coop et Migros, et ce au profit du géant bâlois. Si Migros ne parvient pas à redresser la barre, elle risque bien de perdre son leadership.
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