Chocs entre blocs, pénuries, privations et inflation. Le nouveau monde promis à la suite du Covid ne ressemble pas à celui d’hier, mais furieusement à celui d’avant-hier, vous ne trouvez pas?
L’année 2022 avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices, portée par une croissance flamboyante. Nous produisions, consommions, insouciants. Le marché de l’emploi s’emballait et nous profitions des largesses de la politique monétaire des banques centrales.
C’était le grand rattrapage pour conjurer la grande privation des années de pandémie. L’insidieuse inflation qui se manifestait? Passagère. Les manœuvres militaires à l’Est? Du bluff. Jusqu’au jour où la Russie a envahi l’Ukraine et emporté avec elle nos illusions d’un ordre bien établi – le nôtre évidemment – et d’une prospérité sans anicroche.
Ce contexte macroéconomique, inédit pour la plupart d’entre nous, a rythmé l’enquête annuelle dédiée aux plus grandes fortunes de Suisse. Et c’est peu dire que le nouvel environnement redistribue les cartes au sommet de l’élite économique du pays.
Ce panorama 2022 de la richesse consacre les héritiers de Marc Rich, sulfureux roi du négoce des matières premières qui a transformé la Suisse en une puissance pétrolière. La globalisation, dans les années 1970 et la création des marchés dérivés avaient révélé les traders. Les voilà de retour au cœur de l’échiquier, dans une économie plus que jamais dépendante des énergies fossiles.
Dans leur sillage, les nouveaux maîtres des océans, les armateurs Aponte avec MSC, ont bénéficié de l’explosion des prix du fret maritime, conséquence de la perturbation des chaînes d’approvisionnement. trading et shipping, deux secteurs qui font le bonheur de collectivités toujours en mal de recettes fiscales. Car le vent a tourné.
L’environnement incertain met à mal plusieurs secteurs et leurs fleurons industriels. L’inflation menace la consommation. Le marché immobilier chinois s’enrhume et c’est Schindler qui tousse. Les taux remontent, la Bourse s’affaisse. Seuls les secteurs du luxe et de l’horlogerie poursuivent sur leur belle lancée post-Covid.
À travers les variations du patrimoine des plus grandes fortunes du pays, cette enquête annuelle reflète l’état de l’économie mondiale. Au classement, nous avons privilégié une hiérarchisation par secteur d’activité, à même de refléter les défis des 300 et leurs orientations.
Une décision non sans conséquence pour «Bilan», car papivore pour cette édition augmentée. Eh oui, notre matière première, le papier, a aussi flambé cette année!
Bonne lecture.

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L’éditorial 300 plus grandes fortunes – Les chaises musicales