Roman visionnaire«Le samouraï virtuel», prophétie technologique
En 1992, le physicien et romancier Neal Stephenson imaginait le métavers dans un ouvrage d’anticipation déjanté, devenu un classique du genre.
Quand le fantasme frappe à la porte et que l’évolution technologique rattrape les prédictions les plus futuristes, certaines dystopies oubliées refont surface.
Bijou de la littérature d’anticipation écrit aux balbutiements de la révolution digitale, Le samouraï virtuel imagine un monde de la data, l’information numérisée, dont le contrôle est source de pouvoir. Circulant par un réseau de fibre optique, cet internet prophétisé se matérialise sous la forme d’un espace virtuel partagé en immersion, le métavers, co-construit par des développeurs de génie. La drogue digitale «snow crash» (titre original du livre) se répand dans le métavers sous l’impulsion d’un gourou des médias afin de contrôler systèmes informatiques et cerveaux humains. Un plan auquel les héros, le sabreur de génie et programmeur Hiro Protagoniste allié à une spécialiste en neurolinguistique, feront obstacle.
Derrière des dialogues explosifs à l’humour déjanté propre au genre, se dessine rapidement une approche intellectuelle foisonnante où se multiplient pistes de réflexions et interprétations, de l’origine des religions à la structure du langage. Une exubérance pas toujours facile à suivre, mais qui interpelle avant l’heure sur le rapport entre identité réelle et identité digitale dans un environnement hautement numérisé et dopé aux nanotechnologies. Saisissant.

Joan Plancade est journaliste économique et d’investigation pour Bilan, observateur critique de la scène tech suisse et internationale. Il s’intéresse aux tendances de fonds qui redessinent l’économie et la société.
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