L’économie suisse peut-elle tomber en récession? Ce scénario est peu probable pour le moment.
Malgré les répercussions négatives de la crise en Ukraine, l’activité économique suisse conservera sa robustesse. Celle-ci a connu une forte reprise en 2021 avec un taux de croissance de 3.7% et un taux d’emploi dépassant les niveaux d’avant crise.
Sur ce dernier point, le risque de récession (deux trimestres consécutifs de baisse de la croissance) est élevé en Allemagne en raison notamment du renforcement de la mise en place d’un embargo européen sur le pétrole russe. En outre, l’Allemagne est le deuxième partenaire commercial de la Suisse avec 17% des exportations.
Néanmoins, les précédentes crises ont montré une résilience de l’économie suisse par rapport à ses partenaires européens. Lors de la crise financière de 2007-2008, l’activité économie s’est deux fois moins contractée en Suisse (-2.2% contre -4.5% pour la zone euro) et l’économie s’est redressée plus rapidement (2.8% en 2010 contre 2.1% en zone euro). D’ailleurs, les prévisions actuelles sont plus optimistes en Suisse. La BNS (Banque nationale suisse) a certes révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022 de 3% à 2.5%, mais ce niveau demeure supérieur à la croissance potentielle de long terme de 1.5% selon le FMI.
L’inflation suisse peut-elle atteindre 10% ? Bien que les indices des prix à la consommation et à la production aient atteint des niveaux records en mars, l’inflation suisse restera modeste.
Pour nous, consommateurs, la hausse des prix est de 2.4% en mars. La moitié est expliquée par l’escalade du prix des hydrocarbures dont la hausse excède 20% sur un an. Pour les entreprises, les prix à la production sont en hausse de 4.1%. Une dynamique qui est une nouvelle fois expliquée par les produits pétroliers (74%) et les métaux (15%).
Ces hausses de prix sont à nuancer pour deux raisons. Premièrement, l’inflation suisse est trois fois moins élevée que l’inflation en zone euro (7.5%) et aux États-Unis (8.5%). Deuxièmement, la Suisse retrouvera un niveau d’inflation inférieur à l’objectif des 2% dès 2023, avec une inflation à 0.9% selon les prévisions de la BNS et celles du consensus des économistes.
Dès lors, comment expliquer la résistance de l’économie suisse face aux pressions inflationnistes? Avant tout par la force du CHF (appréciation de 7% face à l’EUR depuis début 2021) qui limite la hausse des prix des biens importés (5.5%). Enfin, l’efficacité énergétique de la Suisse explique une moindre répercussion de la hausse des prix du pétrole sur l’inflation: la consommation d’énergie finale par rapport au PIB est ainsi deux fois moins élevée qu’en Allemagne.
L’appréciation du Franc suisse peut-elle se poursuivre? Oui, un EUR/CHF en deçà de la parité n’est pas à exclure.
En effet, le taux de change réel CHF indique une dépréciation potentielle de l’EUR/CHF de près de 20%. Cela s’explique par trois facteurs.
Premièrement, les prix aux producteurs en Suisse sont stables depuis 1995 tandis que ces derniers ont augmenté de +82% aux États-Unis et +69% en Allemagne.
Secondement, cette tendance est accélérée par l’écart d’inflation entre la zone euro (7.5%) et la Suisse (2.4%).
Enfin, les interventions de la Banque nationale suisse sur le marché des changes (+14 milliards de CHF injectés depuis début mars) témoignent d’une demande continue pour la monnaie suisse dont l’attrait ne fait que grandir au fil des années.
Depuis un an, le CHF s’est ainsi apprécié de 6% face à l’EUR. L’Appaloosa suisse est (encore) de retour et gagne une nouvelle fois du terrain face à la monnaie unique.

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Perspectives économiques – Le Retour de l’Appaloosa Suisse
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