Promulguée en août 2022 et représentant 391 milliards de dollars de crédits d’impôt et de subventions pour les dépenses liées à l’énergie et au climat ainsi que 108 milliards supplémentaires pour le secteur de la santé, l’IRA est conçu de manière à permettre à l’économie américaine de jouer un rôle de premier plan dans le domaine de l’énergie propre et à garantir une réforme de l’assurance maladie et de la tarification des médicaments.
Les incitations industrielles destinées à faire évoluer l’économie américaine vers la transition verte sont au cœur du programme. L’IRA offre ainsi des crédits d’impôt non plafonnés pour la production nationale et les investissements dans les énergies propres. Après le CHIPS and Science Act et la loi bipartisane sur l’infrastructure, qui prévoit des dépenses pour la modernisation du réseau électrique, les stations de recharge des véhicules électriques et la résilience des infrastructures, l’IRA ajoute aux investissements verts du pays une dépense annuelle pouvant atteindre 40 milliards au cours de la prochaine décennie.
Son effet multiplicateur macroéconomique fait l’objet de débats, notamment sur la question de savoir si le resserrement monétaire neutralise l’impact positif de la politique fiscale. Les analystes espèrent un effet multiplicateur important, car le financement public de la recherche et du développement devrait exercer une attraction importante sur les capitaux privés.
Réactions polarisées
Le plan américain a suscité des réactions polarisées. Tout changement de politique rapprochant la principale économie du monde de ses objectifs en matière de changement climatique est bienvenu. Cependant, l’approche sous-jacente de l’IRA a créé des tensions avec l’Union européenne et certains partenaires commerciaux asiatiques.
Pour les industries européennes liées au climat, la réponse du bloc à l’IRA est cruciale. En février, la Commission européenne a annoncé son «plan industriel du pacte vert», qui inclut des propositions visant à simplifier l’environnement réglementaire, à faciliter le financement, à améliorer les compétences et à protéger les chaînes d’approvisionnement, notamment en ce qui concerne les métaux et minéraux cruciaux pour la transition. Le 9 mars, la Commission a annoncé un assouplissement des règles en matière de subventions octroyées aux entreprises. L’Exécutif européen devrait finaliser ce projet au cours du mois d’avril. Au total, l’initiative américaine aura sûrement participé à accélérer et à faciliter la mise en œuvre d’une nouvelle politique industrielle et énergétique européenne.
L’obligation de s’approvisionner et de produire sur le territoire américain prévue par l’IRA procurera à l’économie américaine des avantages évidents en matière de création d’emplois dans les secteurs innovants. Il y aura des gagnants potentiels évidents, dont les constructeurs de voitures électriques et de réseaux ferroviaires, ou encore les fournisseurs de services publics dans le secteur de l’eau ainsi que les entreprises actives dans l’énergie propre.
Les industries d’énergies éolienne et solaire devraient ainsi compter parmi les potentiels bénéficiaires de l’IRA, car elles recevront une part importante des subventions et leurs technologies sont déjà matures et économiquement viables. Les technologies de stockage par batterie ainsi que les industries de la capture du carbone et de l’hydrogène propre pourraient également bénéficier d’un nouvel élan si la baisse des coûts permet, à terme, une large adoption.

*CIO Banque Lombard Odier
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