Article HémisphèresLe PIB ne fait pas le bonheur (mais il y contribue)
Parmi les indicateurs de l’économie, le produit intérieur brut (PIB) règne en maître et est très souvent rattaché à l’idée d’un niveau de vie et donc de bonheur. Pourtant, peut-on vraiment s’y fier pour quantifier le bien-être, une notion aussi philosophique qu’indéfinissable? C’est ce sujet qu’aborde la revue «Hémisphères», qui met en avant les recherches de la HES-SO, dont Bilan Campus se fait l’écho.

Selon Giovanni Ferro-Luzzi, professeur à la HEG de Genève ainsi qu’à l’Université de Genève, le PIB est souvent mentionné et pas toujours à bon escient. «Le raisonnement se résume à quelque chose du genre: plus votre PIB est élevé, plus vous pouvez consommer et plus vous êtes heureux.»
Or le PIB ne tient pas compte de certains facteurs contribuant au bonheur. Giovanni Ferro-Luzzi cite l’exemple d’un repas à la maison entre amis, comparé à une sortie au restaurant. «Seule la valeur marchande de la seconde est répertoriée.» Le PIB passe ainsi à côté de toutes les activités non rémunérées et ignore également le travail non déclaré. «La donne s’avère faussée, par exemple en Grèce ou en Italie, où on estime le travail au noir à 30% de l’activité totale.»
De plus, la consommation revêt aussi une dimension psychologique et sociale. Par exemple, le bonheur matériel dépend en grande partie de celui des autres. «Si vous êtes la personne la plus pauvre de votre entourage, vous risquez de ne pas être heureux, quelle que soit la quantité de biens auxquels vous avez accès», poursuit Giovanni Ferro-Luzzi. Enfin, la cherté des biens représente en soi un facteur de satisfaction, comme l’a théorisé l’économiste américain Thorstein Veblen avec son concept de consommation ostentatoire.
L’apparition de nouveaux indicateurs
Il n’en reste pas moins que les indicateurs économiques, même imparfaits et réducteurs, sont indispensables. «Sans eux, les responsables de la politique budgétaire et monétaire ne pourraient pas faire leur travail», explique Sylvain Weber, professeur à la HEG-Genève.
Aussi, de nouveaux indicateurs comme l’IDH (indice de développement humain) qui démontre qu’il existe un seuil de revenu au-dessus duquel le bien-être cesse d’augmenter, ou même le BNB (bonheur national brut, élaboré par le Bhoutan) sont apparus pour pallier les manquements du PIB.
Pour en savoir plus sur ces derniers, et leurs limites, ou encore sur l’origine historique du PIB, retrouvez ici l’article complet d’Hémisphères.
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