
On parle moins des Monaco. Il faut dire que la génération «people» prend de l’âge. Caroline a maintenant 65 ans. Stéphanie 57. L’âge de raison, en quelque sorte. Mais, hors de la presse paillettes, il reste peu question de leurs descendants dans cette famille à l’arbre généalogique pour le moins ébouriffé. Il reste Albert et Charlene, bien sûr. Certains sites arrivent à donner sur eux au moins une nouvelle par jour. L’absence de plusieurs mois en Afrique du Sud de la princesse leur a offert un pain bénit, quoique peu varié. Qu’y a-t-il au fait à dire de Charlene de Monaco, qui forme avec son prince d’époux un couple finalement assez peu engageant?
Une découverte fortuite
Si l’on évoque ces jours Monaco, c’est heureusement pour une autre raison. Le palais a rouvert ses portes au public après deux ans de fermeture. Les visiteurs peuvent découvrir les chantiers de restauration, qui ont démarré en 2015. Leur étendue n’était pas prévue au départ. Des spécialistes allaient repeindre pour la «nième» fois les fresques extérieures du XVIe siècle, régulièrement détériorées par le climat méditerranéen. C’est alors que ces restaurateurs, pilotés par Julia Greiner, ont remarqué depuis leurs échafaudages des fragments de peintures anciennes dans la galerie dite d’Hercule. Ces restes étaient pour l’essentiel recouverts par de nouvelles couches, appliquées à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. Des réalisations assez peu intéressantes. Décision a donc été prise de dégager le décor original.

Celui-ci s’est révélé en plutôt bon état. Il se compose d’un spectaculaire plafond à grotesques et de lunettes peintes. Ces dernières, au nombre de treize, sont cependant effacées ou lacunaires. Un artiste assez obscur, Jean Baptiste Prudent Carbillet, s’était chargé il y a une centaine d’années de leur donner bonne mine. Il a été choisi de les ramener maintenant à leur iconographie primitive. Avec un peu d’imagination, il est vrai… Le «trattegio», qui permet d’évoquer sur le plan du coloris les parties perdues, ne suffisait pas. Réalisée sur une plaque d’aluminium ultralégère, une nouvelle composition s’est donc vue partiellement inventée. Elle demeure comme de juste réversible.
Deux plafonds en un siècle
Il a été possible d’aller plus loin, comme je l’ai tant lu dans «La tribune de l’art» que dans «Le figaro». Un salon voisin a ainsi révélé un «Enlèvement d’Europe» au plafond sous un badigeon 1900. Le Salon Vert a livré son lot de trouvailles. La plus spectaculaire (en cours) demeure sans doute une chambre annexe avec alcôve. Cette dernière est dominée par une sorte de coque peinte. Eh bien, au-dessous, parfaitement conservé, il y a une autre peinture réalisée précédemment au XVIe. Deux plafonds en un siècle! Il semble clair qu’on se contentera ici de sondages. La Salle du Trône retrouve pour sa part son décor, lui aussi encore en rénovation. L’immense peinture sous les voussures a enfin révélé son sujet. Il faut dire qu’il me semble assez pointu. Il s’agit de «Ulysse, sur le conseil de Circé, se rend chez les Sumériens pour faire remonter les âmes».

Qui serait l’auteur de tout cela? Les archives ont donné comme piste le nom du Génois Nicolosio Granello (vers 1500-1560). Indépendante, la principauté était à l’époque proche de la riche et puissante République de Gênes, coiffée par un doge. Ce n’était pas La Sérénissime, mais La Superbe. Le séjour d’un de ses artistes phares n’aurait donc rien eu d’étonnant à Monaco. Les comparaisons stylistiques jouent. Il y a de grosses ressemblances entre les découvertes récentes et la Villa Centuriano Doria. Pour le moment, nous en restons là. Les murs que peuvent découvrir les visiteurs sont ornés par ailleurs de tableaux anciens, en majorité italiens. La famille princière actuelle achète, quand elle le peut, ceux des Grimaldi dispersés sous la Révolution. La collection, qui s’enrichit régulièrement, ne va cependant pas faire pâlir de jalousie Elizabeth II.
Pratique
Palais princier de Monaco, rouvert depuis le 1er juillet. Tél. 00377 93 25 18 31, poste 8484, site www.visitepalaismonaco.com Ouvert de 10h à 18h15 jusqu’au 31 août, fermeture ensuite à 17h15. Réservation obligatoire.
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Patrimoine – Le palais de Monaco révèle ses décors du XVIe siècle
Les peintures de la Renaissance génoise étaient cachées par des badigeons de la fin du XIXe siècle. C’est aujourd’hui une vraie résurrection.