Monde multipolaireLe Mercosur se déchire sur l’accord de libre-échange avec la Chine
Alors que la ratification du traité avec l’Union européenne par l’alliance sud-américaine traîne en longueur, l’Uruguay a décidé cette fois de faire cavalier seul et de négocier directement avec la Chine. Malgré les doutes et dissensions, les autres pays membres (Brésil, Paraguay, Argentine) tentent de se raccrocher au bon wagon.

Le président argentin, Alberto Fernandez, a proposé pour la première fois jeudi que le Mercosur, bloc économique sud-américain, analyse conjointement un éventuel accord de libre-échange avec la Chine, compte tenu de l’avancement de négociations entre l’Uruguay et Pékin.
«Pourquoi ne pas lancer ensemble l’accord avec la Chine, pourquoi ne pas l’évaluer ensemble? L’accord sera beaucoup plus fort de cette manière», a déclaré M. Fernandez, dans une allusion aux avancées annoncées récemment par le président uruguayen Luis Lacalle Pou concernant les négociations commerciales de son pays avec la Chine.
Le Mercosur, qui réunit le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, tient jeudi son sommet des chefs d’État à Asunción, en l’absence toutefois du président brésilien Jair Bolsonaro.
La règle veut que les négociations commerciales se mènent au niveau du bloc et non pas individuellement, sauf accord de tous les membres.
Or l’Uruguay, face à l’absence de progrès dans la ratification du traité conclu entre le Mercosur et l’Union européenne, a récemment décidé de chercher seul un accord commercial avec le géant asiatique.
Le président uruguayen et son homologue argentin ont eu des passes d’armes régulières en raison du refus de Buenos Aires de laisser Montevideo négocier seul avec un pays tiers. Alors que le Brésil a assoupli sa position, l’Argentine se montre inflexible.
«Nous ne devons pas nous laisser bercer par l’idée de chercher des solutions individuelles (…) Le Mercosur doit vivre encore de nombreuses années», a insisté M. Fernandez.
En réponse, M. Lacalle Pou a assuré que son pays avait la ferme intention d’inviter ses partenaires à se joindre à une négociation avec la Chine, mais à un stade ultérieur.
«C’est clair, les épaules sont beaucoup plus larges avec le Mercosur. Dans quelques jours, nos équipes (d’Uruguay et de Chine) se réuniront pour commencer à négocier le traité avec la Chine. Bien sûr, une fois cette étape franchie, la première chose que nous avons l’intention de faire est de parler au Mercosur, pour voir si nous y allons tous ensemble», a-t-il déclaré.
«Nous comprenons les autres pays, mais nous demandons de la compréhension», a-t-il insisté.
Le président paraguayen Mario Abdo Benitez, hôte de la réunion, a également appelé à l’unité. La crise économique mondiale «exige plus que jamais des espaces comme le Mercosur», a-t-il déclaré.
Il a également estimé «préoccupante» l’entrée éventuelle de la Chine dans la région avec des tarifs préférentiels, «car ses coûts sont très compétitifs et cela pourrait menacer les industries du Paraguay, de l’Argentine et du Brésil».
Le sommet d’Asunción est le premier à se tenir en présentiel depuis le début de la pandémie. À cette occasion, le Paraguay va laisser la présidente tournante à l’Uruguay.
AWP
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