La Suisse comptera bientôt 9 millions d’habitants, soit une hausse de 1,8 million par rapport à 2001! Son attractivité économique explique en grande partie la forte immigration étrangère qui est à l’origine de cette folle croissance de la population. Les acteurs de l’économie en ont largement profité. Aujourd’hui, la démographie rejaillit sur le logement. La pénurie affecte désormais de nombreux cantons. Et elle va durer plusieurs années en raison du recul de la construction de nouvelles habitations et de l’augmentation des résidents et des ménages.
Avec une hausse de la demande et une baisse de l’offre, les loyers s’emballent pour ceux qui déménagent ou emménagent. Alors que l’acquisition d’une maison individuelle ou d’une propriété par étages est déjà inabordable dans plusieurs régions du pays, les locataires, dont la situation financière est fragilisée par l’inflation et la progression des primes de l’assurance obligatoire des soins, voient leur pouvoir d’achat se réduire. Ce n’est pas bon pour la croissance. La part de la consommation privée s’élève en effet à environ 60% du produit intérieur brut.
«Avec une hausse de la demande et une baisse de l’offre, les loyers s’emballent pour ceux qui déménagent ou emménagent»
Le logement devient surtout un enjeu politique majeur à quelques mois des élections fédérales de cet automne. Comme la pénurie de logements est plus forte outre-Sarine qu’en Suisse romande (excepté Genève et Vaud), cette question prend une ampleur inédite. D’autant que les articles publiés par la presse alémanique témoignent d’une inquiétude accrue face à la démographie galopante.
L’UDC s’apprête à occuper le terrain via le lancement d’une initiative visant à soutenir «un développement démographique écologiquement durable». Ces termes consensuels cachent en fait une volonté de lutter contre la surpopulation étrangère. Ses adversaires devront non seulement se positionner vis-à-vis de ce thème qui a toujours divisé la Suisse, mais surtout agir pour soutenir les locataires qui représentent la majorité des électeurs. Dans le cas contraire, ils perdront dans les urnes comme ce fut le cas en 2014 lors l’adoption par les citoyens de l’initiative contre l’immigration de masse.
La population helvétique croîtra-t-elle indéfiniment? Ce n’est pas sûr. Des démographes estiment qu’elle pourrait même reculer dès 2030. Le vieillissement démographique qui affecte aussi nos voisins devrait réduire la migration vers notre pays. Une hypothèse à prendre au sérieux.

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Éditorial – Le logement devient une question politique