Crise ukrainienneLe gel des avoirs russes va peu affecter la place financière suisse
Il faut remonter aux attentats du 11 septembre 2001 pour retrouver une mesure similaire prononcée par la Suisse.

Lundi 28 février, le Conseil fédéral a décidé de reprendre les paquets de sanctions édictés par l’Union européenne (UE) à l’encontre de la Russie, dans le sillage de l’intervention militaire de Moscou contre l’Ukraine. En conséquence, les avoirs des personnes russes sont gelés avec effet immédiat. Les sanctions financières contre le président russe Vladimir Poutine et ses deux plus proches ministres sont en outre mises en œuvre sans délai.
Du côté des banques, on salue ce mouvement. "La Suisse est tenue d’appliquer les sanctions de l’ONU depuis qu’elle a adhéré à l’organisation en 2002. Ces sanctions démontrent que notre pays s’engage en faveur du respect du droit international", commente Edouard Cuendet, directeur de la Fondation Genève Place Financière. Pour retrouver des mesures du même type, il faut remonter aux attentats du 11 septembre 2001 et l’ordonnance à l’encontre des personnes et entités liées à Oussama ben Laden. Précédemment, la Suisse a repris les sanctions prononcées par l’UE contre la République fédérale de Yougoslavie en 1988.
Moins de 2% des actifs sous gestion en Suisse
Quel sera l’impact de ces mesures sur la place financière helvétique? Une grande quantité de liquidités a été créée dans les années 2000, lorsque l’industrie pétrolière a été privatisée au profit d’oligarques russes. La Suisse a dès lors figuré parmi les principaux destinataires de ces capitaux privés. Selon les chiffres de la BNS, il y avait en 2020 quelque 15 milliards de francs en Suisse appartenant à des propriétaires russes (voir graphique). Rapportée à un volume de 2300 milliards de francs d’actifs étrangers sous gestion en Suisse, selon une estimation du Boston Consulting Group, la somme des avoirs russes représente moins de 2% du total.
"D'après les dispositions en vigueur, ces fonds vont continuer à être gérés en fonction de l'intérêt des mandataires. Ce gel ne doit pas avoir de grandes conséquences pour les établissements helvétiques", indique une observatrice au bénéfice de 35 ans d'expérience bancaire. Celle-ci ajoute: "L'image de place financière sort même renforcée de cet épisode qui démontre la Suisse montre ainsi son respect du droit international." L'étape suivante, ce serait la confiscation des biens mais une telle mesure n'a pas encore été évoquée dans le registre des sanctions.
À Genève, des géants russes des matières premières
D’autres intérêts russes sont hébergés en Suisse, sans être pour le moment concernés par des représailles. Géants du commerce des matières premières, Vitol et Trafigura réalisent une grande partie de leurs activités commerciales à partir de Genève, tout comme le négociant Gunvor.
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