
Cette semaine rencontre avec Fabienne Knapp, membre du conseil d’administration et du comité des finances de la CGN, Compagnie Générale de Navigation sur le lac Léman et membre du conseil de fondation de la FAE, Fondation d’Aide aux Entreprises. Fabienne a siégé douze ans au conseil d’administration et au comité de contrôle de la BCGE.
Ingénieure de l’EPFL, Fabienne a ensuite obtenu un master en Banque et Finance à HEC Lausanne. Elle a travaillé dans les systèmes d’information, la gestion des risques puis comme consultante en organisation et en stratégie.
Comment êtes-vous devenue administratrice?
Alors que j’exerçais des mandats de conseil dans le cadre de fusions bancaires, je me suis retrouvée à devoir mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.
J’ai alors eu l’opportunité de devenir assistante parlementaire au Grand Conseil, ce qui m’a permis non seulement de m’immerger dans un univers très différent et de rencontrer des personnes intéressantes et engagées, mais aussi finalement de renouer avec le milieu bancaire, le Conseil d’État genevois cherchant un profil correspondant au mien pour renouveler sa représentation au sein de la Banque Cantonale.
Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans cette fonction?
D’abord, pouvoir influer sur les pratiques en apportant une vision novatrice, notamment basée sur une approche ESG. Ensuite, pouvoir développer une vision systémique de l’entreprise et de son environnement. Enfin, pouvoir augmenter sans cesse et sans limites mes compétences, aussi bien techniques que comportementales, ainsi que ma connaissance du tissu économique et politique local.
Quelles sont les compétences clés et la valeur ajoutée que vous apportez au CA?
J’apporte un mixte de compétences techniques, qui sont le résultat d’une part de ma formation en informatique et en finance et d’autre part de mon expérience en gestion de projet et en conseil stratégique, ainsi que des aptitudes acquises sur le terrain comme la gestion du changement et la capacité à négocier.
Je sais aussi, après avoir obtenu toutes les informations nécessaires pour me faire une opinion, prendre des décisions dans l’intérêt de l’entreprise, en toute loyauté et dans le respect de mes valeurs.
Enfin, mon mandat d’administratrice auprès d’une banque m’a permis d’acquérir une solide expérience dans de nombreux domaines, notamment ceux de la conformité aux règlementations et de la transformation numérique.
Quelles sont les difficultés de cette fonction, les défis que vous avez rencontrés?
Le conseil d’administration exerce la haute direction de la société et la haute surveillance sur les personnes chargées de la gestion. Pour ce faire, il communique avec le directeur général ou la directrice générale ainsi que communément avec la direction dans son ensemble.
En revanche, il n’a que rarement accès aux cadres intermédiaires. Même si cela relève de la bonne gouvernance et évite la triangulation, cela l’empêche de constater de façon directe si la culture d’entreprise qu’il veut insuffler ruisselle à tous les niveaux de l’organisation.
Pour s’en assurer, le conseil doit sans cesse questionner la qualité des informations qui lui sont fournies notamment par les rapports d’audit, de contrôle des risques, des ressources humaines, RSE, de la personne de confiance et instituer une ligne directe pour les lanceurs et lanceuses d’alerte.
Quelle est votre meilleure bonne pratique en termes d’obtention de mandat dans les CA ?
Les compétences sont indispensables. J’ai entendu dire, sur un ton certes un peu provocateur, que l’arrivée des femmes dans les conseils d’administration a conduit à une plus grande professionnalisation de la fonction. Puisqu’on exigeait des femmes de nombreuses compétences pour les nommer, on a dû en demander aussi davantage aux hommes.
Le réseau est nécessaire. Il est valorisé dans l’attribution des mandats et il donne accès aux instances de nomination et aux calendriers des renouvellements.
Quelles sont les grandes préoccupations actuelles des organes stratégiques des entreprises ?
À l’instabilité géopolitique et ses conséquences sur les chaines d’approvisionnement, à la prolifération des logiciels malveillants et à la pénurie des talents, se superpose une préoccupation environnementale globale due à l’accélération du réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité et à la multiplication des pollutions.
Diminuer son empreinte écologique de quelques points de pourcentage peut se faire par des mesures marginales mais la réduire drastiquement nécessitera la définition d’objectifs stratégiques ambitieux, de l’innovation et une révision fondamentale des modèles.
Que manque-t-il pour que les CA d'entreprises suisses comptent davantage de femmes?
C’est avant tout une question de conduite du changement. Il n’y a pas de raison objective à la sous-représentation d’un des genres.
De plus, une plus grande diversité signifie une plus large compréhension des enjeux complexes actuels et la parité n’est pas seulement une attente de la société civile mais aussi celle des autres parties prenantes que sont les clientes et les clients, les collaboratrices et les collaborateurs, les actionnaires, qui se reconnaissent ainsi dans l’image renvoyée par l’entreprise.
Néanmoins, les quotas me paraissent une étape indispensable pour accélérer le changement. En ce sens, les nouvelles dispositions du code des obligations sont un pas dans la bonne direction.
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Rencontre avec Fabienne Knapp – «L’arrivée des femmes dans les conseils d’administration a
conduit à une plus grande professionnalisation de la fonction»
Parce que plus d’égalité hommes-femmes c’est aussi plus de femmes dans les instances représentatives et dirigeantes, Femmes Leaders by Bilan vous propose chaque mois une rencontre avec une femme membre d’un conseil d’administration. De quoi inspirer de nouvelles candidatures?