
L’Ariana recèle plusieurs espaces pouvant servir à des expositions temporaires. Il y a bien sûr le sous-sol, fermé en ce moment. Le premier étage contient deux salles en principe réservées à la céramique contemporaine. Sa galerie offre aussi une douzaine de vitrines en forme de capsules. Autant dire que la place reste ici comptée. Rien ne doit se révéler trop large ou trop haut, même si les rayonnages sont tout de même amovibles.
Effets d’optique
Le lieu accueille depuis quelques jours Yan Zoritchak, 79 ans. L’homme crée des sculptures à base de verre optique. Cette matière épaisse et lourde (provenant des rebuts du CERN) lui permet de multiplier les jeux visuels par réflexions. Chaque fois que le visiteur bouge un tant soit peu, il découvre ainsi une composition différente. A part les trous irréguliers creusés dans la masse, dont la réalité est permanente, l’observateur ne sait plus trop d’où viennent ces effets de miroir que compliquent encore l’usage de l’émail ou de la feuille d’or. On reconnaît bien l’art séculaire des artisans tchèques, même si la Slovaquie s’est détachée de la mère patrie en 1992. Il y a des générations et des générations que l’on parle en Europe occidentale de «verre de Bohême».

Yan Zoritchak a commencé par la sculpture sur bois. C’était le matériau le plus facile à trouver dans ses montagnes. Il a ensuite opté pour la pierre. «Le verre est arrivé dans ma vie presque par accident, mais il est rapidement devenu ma passion», explique-t-il dans la brochure d’accompagnement donnée gratuitement au visiteur. L’artiste l’utilise pour exprimer la magie des planètes. Ses objets possèdent tous quelque chose de cosmique. Un cosmos personnel. Pas celui des télescopes. Le but est moins de refléter une réalité physique que de rendre compte des énergies. L’homme travaille seul, avec juste quelques aides. «Je fais ce métier par conviction et par choix.»
«Le verre est arrivé dans ma vie presque par accident, mais il est rapidement devenu ma passion.»
Les vitrines tournant autour de la galerie du premier étage (comme la Terre autour du Soleil?) contiennent des pièces qu’il est permis de relier à la tradition des sculpteurs verriers tchèques, bien représentés dans les collections du Mudac lausannois grâce à un couple de mécènes. Elles accueillent les plus petites d’entre d’elles. Des tables de métal supportent du coup les plus grosses réalisations, dont le poids doit se révéler énorme. C’est spectaculaire. On aime ou on n’aime pas. Je dois avouer que je ne suis pas très «fan». Mais le public avait l’air d’apprécier lors du vernissage. Il est vrai qu’il s’agissait en bonne partie d’officiels slovaques. Il suffisait de voir devant le musée le nombre de voitures diplomatiques et d’appariteurs musclés avec oreillettes. J’en ai rarement compté autant. Plus un pays reste petit, plus il lui faut se manifester vis-à-vis de l’extérieur… Et cela même avenue de la Paix!
Pratique
«Yann Zoritchak, Fenêtres sur l’univers», Musée de l’Ariana, 10, avenue de la Paix, Genève, jusqu’au 21 janvier 2024. Tél. 022 418 54 50, site www.musee-ariana.ch Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
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Exposition à Genève – L’Ariana se met au verre avec Yan Zoritchak
Le Slovaque propose ses sculptures dans les vitrines du premier étage. Il y a là toute une cosmologie personnelle. On aime ou on n’aime pas.