BundeswehrL’Allemagne va-t-elle encore muscler son budget de réarmement?
Le fonds de 100 milliards d’euros destiné à moderniser l’armée allemande, annoncé par Olaf Scholz après l’invasion russe de l’Ukraine, «ne suffira pas», prévient vendredi le nouveau ministre de la Défense, Boris Pistorius.

«Les 100 milliards ne suffiront pas», estime le nouveau ministre, nommé le 17 janvier, dans le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Il s’agit pourtant de l’annonce-phare du chancelier allemand le 27 février 2022, trois jours après l’attaque russe, dans un discours devant le Bundestag actant un «changement d’époque» en Europe.
Mais «avec chaque nouveau système, nous avons également de nouveaux coûts d’entretien. Avec chaque nouveau dispositif, il y a de nouveaux frais plus élevés», explique le ministre social-démocrate.
Même constat concernant le budget annuel de la défense, d’environ 50 milliards d’euros: «Je ne pars pas du principe que cela suffira», admet M. Pistorius.
L’Allemagne, qui a annoncé la livraison de divers types d’armements à l’Ukraine (blindés légers, chars lourds, lance-roquettes multiples notamment), est ainsi confrontée, selon le ministre, à de nouvelles dépenses d’achat qui n’étaient pas prévues il y a onze mois, au début de l’attaque russe.
14 nouveaux obusiers blindés 2000 et cinq lance-roquettes multiples Mars II, ou encore 500 missiles antiaérien Stinger, 100 000 grenades et 280 000 casques doivent ainsi être achetés pour la Bundeswehr, ce qui devrait occasionner des dépenses de plusieurs milliards d’euros.
Les 14 chars Leopard 2 de type 2A6 que Berlin prévoit de livrer fin mars début avril à l’Ukraine devront aussi être remplacés, avec des montants plus élevés en raison de l’inflation et de la hausse des coûts de production. «Les munitions ne poussent pas sur les arbres et ne demandent pas qu’à être cueillies», résume le ministre.
«À moyen et long terme, nous devons construire en Europe une industrie d’armement capable de le faire. Tout le monde ne doit pas développer tous les systèmes d’armes. Et nous devrions arriver à des systèmes d’armes standardisés en Europe», préconise le ministre.
«Nous devons être plus rapides en matière d’approvisionnement», conclut le ministre, qui doit mener la semaine prochaine des discussions avec l’industrie allemande de la défense.
Olaf Scholz avait affirmé fin septembre vouloir que l’Allemagne dispose de la «force armée la mieux équipée d’Europe». Mais plusieurs décennies de sous-investissements dans la défense ont rendu la tâche titanesque.
Berlin a aussi promis d’atteindre «dans les prochaines années» le seuil de 2% du PIB national consacré annuellement aux dépenses militaires, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Otan.
AFP
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