
Sur le plan patrimonial, il y a parfois (je dis bien «parfois») de bonnes nouvelles à Genève. Je viens ainsi d’apprendre, par le bulletin d’«Alerte» No 123, édité par Patrimoine suisse Genève, que la maison dite «de la Tourelle» était sauvée. Elle se situe sur l’avenue du Plateau au Petit-Lancy, une commune banlieusarde particulièrement sinistrée sur le plan urbanistique. Dans le genre désespérant, il me semble difficile de concevoir pire.
Une pétition avec 1200 signatures
Que s’est-il passé? Bâtie au début du XXe siècle dans un style mélangeant joyeusement le Heimatstil et le Jugendstil, la construction devait disparaître en vertu d’un ces sinistres PLQ (Plans localisés de quartiers, notez bien le «Q» comme papier-cul), dont notre canton a le secret. Il s’agissait de construire à sa place un immeuble d’habitation. «L’affaire semblait conclue en 2017», raconte «Alerte». Il y avait bien une pétition ornée de 1200 signatures déposées devant le Grand Conseil. Il existait certes un rapport du Services des monuments et sites attribuant à la villa la note «intéressante». Mais «l’intérêt public» veut que l’on multiplie à Genève les clapiers. Il faut loger le maximum de gens. Patrimoine suisse Genève a cependant déposé en 2019 dans ce contexte défavorable une demande de mise à l’inventaire. L’histoire devait du coup suivre son cours. Les propriétaires et la commune se sont montrés défavorables à la conservation de la Maison de la Tourelle, comme vous vous en doutez bien.
«L’affaire semblait conclue en 2017.»
Toutefois, le conseiller d’État en charge du Département du territoire a proposé d’«initier une réflexion». Il s’agit pourtant d’Antonio Hodgers, théoriquement Vert mais en réalité favorable au béton. Il convenait selon lui de concilier les intérêts publics et privés. «La situation dominante de La Tourelle dans le site, sa stature et son environnement sont autant d’éléments qui en font un élément de référence dans ce quartier en pleine mutation.» Le Département a fini par trouver une solution. La villa se verra restaurée après avoir été inscrite en novembre 2022 à l’inventaire des immeubles dignes de se voir protégés. Voilà qui console, mais peu, de la destruction récente (octobre 2022) de la villa La Gradeline. Et cela pour ne rien dire de l’incroyable pataquès de la disparition en 2019 de la Maison du Jeu de l’Arc, jugée «exceptionnelle» par la commission du Service des monuments et sites. Il y a aujourd’hui à sa place des immeubles blottis les uns contre les autres… La solidarité devant le désastre, probablement.
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Genève – La villa La Tourelle a été classée à Lancy
Pour une fois, les habitants et les protecteurs du patrimoine mineur ont gagné. La maison se verra préservée et même restaurée.