
C’était encore une fois «la vente du siècle». Mais cette fois-ci, la dénomination ne semblait pas usurpée. Christie’s a dispersé le mercredi 9 novembre à New York une partie de la collection formée par Paul G. Allen, le cofondateur de Microsoft décédé en 2018 à 65 ans. Je vous avais déjà parlé de cet ensemble hétéroclite, dont le classicisme peut étonner pour un homme des nouvelles technologies. La soirée au Rockefeller Center servait à disperser soixante œuvres, toutes de premier plan. Nonante autres doivent passer sous le marteau jeudi soir. Les plus folles espérances, au lendemain des élections du «midterms», ont été dépassées. La première partie de cet ensemble a totalisé un milliard et demi de dollars. Pour être précis, le total a atteint 1 506 386 000 dollars. Record absolu pour une vente unique. C’est après la vente d’un Alberto Giacometti que le commissaire-priseur Jussi Pylkkänen a annoncé la bonne nouvelle. On entrait depuis lors dans des zones jamais atteintes. Une sorte de vide sidéral. Je signalerai en outre que cinq tableaux ont réalisé chacun plus de 100 000 000 de dollars. Une autre forme de maximum.
But caritatif
Les institutions charitables américaines peuvent se frotter les mains. C’est à elles qu’ira cette manne dans la tradition anglo-saxonne du: «j’ai beaucoup obtenu de la vie, je rends en partie». Le défunt avait décidé la chose. Une volonté lourdement soulignée dans leurs communiqués de presse par le «chairman» de Christie’s USA Marc Porter comme par Max Carter, en charge dans la maison des XXe et XXIe siècles. Beaucoup d’œuvres dataient cependant du XIXe, dont précisément les cinq lots vedettes. Il y avait même des pièces anciennes avec Botticelli ou Brueghel le Jeune.

Mais trêve de préliminaires. Je vais vous donner la liste commentée de la première journée. En première position des «records» sont venues «Les poseuses» de Georges Seurat. La petite version, qui a notamment appartenu à Heinz Berggruen quand il habitait Genève: 149 240 000 dollars. Cette rareté a coiffé au poteau une «Montagne Saint Victoire» de Paul Cézanne à 137 790 000. Le «Verger avec cyprès» de Vincent Van Gogh a occupé la troisième marche du podium à 117 180 000. Sont ensuite venus «Maternité II»de Paul Gauguin à 105 730 000 et «La forêt de bouleaux» de Gustav Klimt à 104 585 000.
Première femme en seizième position
Le célèbre Lucian Freud d’après Antoine Watteau intitulé simplement «large Interior W 11» a culminé à 86 265 000 dollars. Très en dessous, on a retrouvé «Small False Star» de Jasper Johns à 55 350 000. Johns est le seul artiste vivant de la liste des recordmen. En huitième position est venu «Concarneau, calme le matin» de Paul Signac à 39 320 000. «Le roi jouant avec la reine» de Max Ernst a atteint 24 435 000. «Day Dream» d’Andrew Wyeth, une gloire restée strictement américaine, a clôturé le top 10 à 23 290 000.

On retrouve ensuite Diego Rivera et Sam Francis. La treizième plus forte enchère est allée à Edward Steichen, dont l’icône photographique «The Flatiron» de 1904 a triomphé à 11 840 000 dollars. Un record pour le 8e art, mais il y a déjà eu plus cher pour un Man Ray en mai dernier. Les sept «records» suivants sont demeurés à sept chiffres. Il y avait cependant là des aquarelles, l’une de John Singer Sargent et une autre de Paul Klee. La première femme s’est située en seizième position. Il s’agit de la sculptrice anglaise Barbara Hepworth, montrée il y a quelque temps au Musée Rodin de Paris. Un Thomas Hart Benton, artiste lui aussi peu connu hors de USA, a «fait» 5 580 000 dollars. Moins que l’Henri-Edmond Cross vénitien ou «les cinq sens» de Brueghel, mais davantage que les 2 100 000 dollars atteint par Henri Le Sidaner. Un homme qui passe pourtant pour un second couteau de la peinture française…
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Marché de l’art – La vente à un milliard et demi de dollars!
La première partie de la dispersion des collections du cofondateur de Microsoft Paul G. Allen a atteint ce record absolu en soixante œuvres.